Entre-les-pages
Auteur Ryu MURAKAMI
Titre original ラブ&ポップ
Chez Editions Philippe Picquier :
Nombre de pages 190
Prix 18€
ISBN 978-2-8097-0078-7
Première édition Janvier 2009
Traduction Sylvain Cardonnel
Résumé
Par l'intermédiaire de messageries téléphoniques, de jeunes lycéennes acceptent des rendez-vous avec des inconnus pour pouvoir s'acheter des produits de marque. Le roman raconte la journée d'une jeune fille qui, désirant absolument s'offrir une topaze impériale, accepte coup sur coup deux rendez-vous avec des hommes. Mais les rencontres ne vont pas se passer comme elle l'avait prévu.
Mon Avis
Au sujet de la bague, Ryu MURAKAMI est le réalisateur du film Tokyo Decadence, aussi connu sous le titre de Topaz. Il est possible qu'avant son adaptation en film par Hideaki ANNO (le créateur de la série Shinseiki Evangelion) ce livre soit paru sous le titre "TOPAZ 2"
Le style de l'oeuvre peut dérouter. Voici ce que dit la quatrième de couverture, s'appuyant sur la postface :
"...Murakami Ryû, qui a construit son roman à la manière d'une œuvre d'Andy Warhol, en fondant dans la narration des bribes de conversations, d'émissions de radio ou de télévision, des litanies de marques, de titres de films ou des paroles de chansons à la mode. Comme un bruit de fond faisant soudain irruption au premier plan pour saturer le sens de ces rencontres qui ouvrent sur tous les possibles de l'humain."
Pour moi, utiliser Warhol à chaque fois qu'il est question de culture pop me gonfle un peu. Surtout qu'à mon avis, il ne s'agit pas d'un bruit de fond qui remonte, tel un bruit parasite. J'ai l'impression que MURAKAMI est plus malin que ça, même si parfois c'est un peu too much. Le récit a beau être rédigé à la troisième personne, cette remontée oppressante de l'environnement proche de la jeune Hiromi à certains moment donne un accès direct à son flux de pensées. Ses réflexions vont et viennent, se construisent ou se défont selon ce qu'elle voit ou fait ou entend, en gros, vers quoi elle dirige son attention. Par ce biais, on suit donc le relâchement de son attention ou au contraire sa tension.
Certains trouveront ça lourd et fouilli, moi je trouve ça plutôt intelligent, nouveau, même s'il est vrai que parfois on sature un peu.
Ensuite, l'histoire est à prendre comme une sorte de reportage (et le style lui convient pour le coup parfaitement) durant lequel on suit une journée d'une lycéenne. Pas de jugement de valeur, pas de morale lourdement assenée (ce genre de dérive n'est d'ailleurs pas criminel au Japon), mais plutôt des axes de réflexion, surtout le pourquoi, les motivations qui poussent les jeunes filles à - disons-le clairement - se prostituer, Pourquoi les hommes veulent les rencontrer, etc... Sous couvert d'une recherche du bonheur éphémère, Ryu MURAKAMI ouvre grand les portes d'existences tristes, mornes, enfermées dans les conventions. Au lecteur, après, de réfléchir par lui-même.
Et même si je ne me reconnais pas du tout dans les motivations superficielles de Hiromi, elle ne m'en a pas moins paru sympathique.
Une petite citation, pour finir, parce que cette phrase m'a bien plu (peut-être trouve-t-elle justement sa résonnace en moi) :
Un être qui ne reçoit pas la stimulation de l'autre pourrit.
Lundi 11 février 2013 à 15:30
Auteur René BARJAVEL
Nombre de pages 280
Prix 74 F (la nouvelle édition est à 14,55 €, bonjour l'inflation ! )
Première édition Août 1982
Résumé
Une jeune Américaine, Judith, va devenir l'héroïne la plus extraordinaire de l'histoire de l'humanité. Mais avant il y aura eu une guerre gigantesque, puis la paix. Un péril monstrueux menace alors l'humanité d'une destruction totale. Et c'est Judith qui est choisie par le destin pour tenter de la sauver, en se trouvant confrontée à un homme qu'elle avait connu le jour de ses quinze ans, et qu'elle avait voulu oublier.
Mon avis
J'ai une affection particulière pour BARJAVEL. Je l'ai découvert ado avec Une rose au paradis, et depuis j'ai rarement été déçu par ses livres. Ce qui est fascinant chez lui, c'est d'allier différents niveaux de lecture l'air de rien.
C'est d'autant plus vrai dans La Tempête, qui peut être lue comme une petite fable SF sans prétention, légère et enlevée, ou comme une oeuvre profonde et pour l'essentiel d'une rare noirceur et on pourrait passer des heures à relever tout ce qu'il y critique.
C'est ce qui est génial dans ce livre où à chaque page foumille une dizaine d'idées. On rigole sur une phrase, puis on se dit "ah quand même" et arrivé au point, ça fait un peu mal. Tout en restant toujours aussi drôle.
En plus, il se dégage beaucoup de poésie du style de BARJAVEL. Une scèned'amour, une scène de destruction, une découverte scientifique, tout est dépeint avec malice. Il s'amuse constamment à prendre le contre-pied des idées toute faite (la guerre est horrible ? ça se voit bien que vous n'avez pas connu la paix !)
BARJAVEL, sans se départir de sévérité dans ses jugements, sans cesser d'être désespéré par ses comptemporains, semble toujours garder son optimisme, voire son admiration, comme un enfant émerveillé.
La Tempête peut dérouter à la lecture : il n'y a pas vraiment de personnage principal, l'auteur ne propose pas d'identification à l'image d'un héros. On suit plusieurs personnages, qu'on retrouve au gré de l'évolution du monde pendant un quart de siècle. Judith en est bien sûr le fil conducteur. A moins qu'il ne s'agisse de la mystérieuse Helen ? ^^
Délicieusement subversif, drôle et triste à la fois, sans jamais sombrer dans le pathos, La Tempête est un très bon BARJAVEL que je recommande à tout le monde.
Si vous ne connaissez pas BARJAVEL, dans le même genre, je vous recommande Le grand secret, mais il y a des incontournables comme Ravage, La nuit des temps, Une rose au Paradis ou Le voyageur imprudent...
Jeudi 7 février 2013 à 18:15
Auteur Haruki MURAKAMI
Titre original 1Q84
Chez BELFOND :
Nombre de pages environ 1500
Prix 70,50€
ISBN 978-2-7144-5408-9
Première édition Novembre 2012
Traduction Hélène Morita
Résumé
C’est l’histoire de deux mondes, celui réel de 1984 et un monde parallèle tout aussi vivant, énigmatique et en décalage subtil, celui de 1Q84, où deux lunes brillent dans le ciel. Deux mondes imbriqués dans lesquels évoluent Aomamé et Tengo, la trentaine tous deux, qui ont fréquenté la même école lorsqu’ils avaient dix ans, et unis par un pacte secret. En 1984, chacun mène sa vie. Les deux jeunes gens sont destinés à se retrouver mais où ? Quand ? En 1984 ? Dans 1Q84 ?
Mon avis
Parait qu'il faut dire 1-Q-84. En japonais, 1984 et 1-Q-84, ça se dit pareil. Moi, je préfère lire "mille q cent quatre-vingt-quatre". C'est plus fluide. Et puis ça ressemble plus à ce que c'est : une date dans un monde hypothétique.
Je ne sais trop pourquoi ce titre a suscité un tel engouement. Son titre enigmatique ? Le résumé sibyllin de quatrième de couverture ? Moi aussi, je me suis laissé piéger. Et je ne suis pas déçu.
Je ne connaissais pas MURAKAMI avant. La rencontre a été une révélation. Un style pur et simple d'où se dégage à la fois tendresse et poésie, même dans les moment les plus violents, les plus passionnés, les plus tristes.
Il y a beaucoup de lenteurs, beaucoup de répétitions (un peu trop dans le troisième livre, peut-être ?) mais tout reste magnifiquement raconté, on ne s'ennuie jamais grâce au charme de la plume de l'auteur. Il a une facilité, une grâce à nous faire pénétrer le coeur de ses protagonistes, à nous faire partager leurs doutes, leurs émotions, leurs histoires.
1Q84 est un monde vaste. Un monde immense. Il ne faut pas s'attendre forcément à avoir toutes les réponses, et pour certaines autres, elles se méritent, il faut prendre le temps de repenser à ce qu'on a déjà lu. Cela peut frustrer. Mais comment faire pour raconter non pas seulement une histoire, mais deux mondes ? Les décrire dans leur totalité aurait tenu de la gageure. C'est aussi à nous de confronter nos propres envies, notre propre mythologie intérieure au récit.
Et il y a tellement de thèmes soulevés ! qu'on pourrait y passer des jours : l'amour, l'amitié, le désir, la religion, la foi, l'écriture, l'imagination, la violence, la vengeance, la peur, le courage, la mort...
Pour lire ce roman, il faut savoir être patient, les choses évoluent lentement. Il faut garder l'esprit ouvert.
Et alors, 1Q84 révèlera toute sa profondeur et sa magie.
Dimanche 3 février 2013 à 13:04
Auteur Michael CRICHTON / Richard PRESTON
Titre original Micro
Chez ROBERT LAFFONT:
Nombre de pages 484
Prix 22€
ISBN 978-2-221-11672-2
Première édition Novembre 2012
Traduction Christine Bouchareine
Résumé
Vin Drake, le puissant directeur de la société High-Tech Nanigen, fabriquant des robots miniaturisés, attire 7 brillants étudiants venus de Havard.
Miniaturisés et abandonnés dans la forêt tropicale, les étudiants n'ont pour se défendre que leurs connaissances de biologistes. Et le temps leur est compté...
Mon avis
On retrouve une dernière fois Michael CRICHTON - jusqu'à ce que ses oeuvres de jeunesse soient ressuscitées ?
Pour achever le roman, c'est Richard PRESTON qui s'y colle. Je ne connais pas Richard, mais j'ai déjà lu Douglas (T-rex) à croire que toute la fratrie baigne dans le techno-thriller. Et autant dire que Richard a fait un bon travail (ou alors c'est la traductrice ?) car il a su totalement s'effacer au profit de CRICHTON.
Sur l'histoire, la trame est ultra classique pour un CRICHTON : on nous présente une avancée scientifique révolutionnaire et on en découvre le côté obscur via une sorte de survival. Parce que naturellement, tout vient se dérégler, et encore une fois, l'erreur vient de l'homme. On est donc en terrain presque connu. Du moins pour la construction dramatique, et s'il y a quelques surprises en interne, globalement la ballade dans Hawaii sur la longueur ne surprend guère, et les grosses ficelles scénaristiques sont largement employées.
Mais Micro est une sorte d'oeuvre-somme dans la biblio de CRICHTON. En miniaturisant ses héros et en les jetant au milieu des bestioles qui grouillent dans l'humus de la forêt vierge, on retrouve le danger de Jurassic Park, les insectes prenant la place des dinosaures, avec les mêmes proportions. Sauf que là, ça grouille de partout (berk). On retrouve aussi la nanotechnologie évoquée dans La Proie, la conscience en moins. De la même façon, MICRO incorpore les manipulations, la course aux brevets, les coups foireux de l'industrie pharmaceutique de Next. Et enfin, comme dans Etat d'urgence, CRICHTON persiste et signe et continue à alerter sur les dérives commises au nom de l'écologie (et rien que pour ça, je l'aime bien) comme en témoigne son introduction sanglante et impitoyable.
Si Micro n'est pas révolutionnaire, il a le mérite de replacer l'homme à son juste niveau. Nous ne valons pas grand-chose, et sans notre cerveau qui bien souvent nous fait commettre les pires atrocités, force est de constater que nous sommes bien mal équipés, pour des prédateurs (même comme victimes, on est mal équipés, c'est dire !)
Et puis cette plongée totale dans la jungle est plutôt intéressante. Une façon comme une autre de découvrir un univers inconnu, avec un angle d'approche différent. C'est comme un croisement d'avatar (on a un peu l'impression d'avoir atterri sur une planète étrangère) et de microcosmos.
C'est un peu dommage qu'il n'y ait pas un ressort dramatique plus poussé, mais moi, j'ai passé un bon moment. Et j'ai trouvé difficile de lâcher le livre en cours de lecture.
Vendredi 25 janvier 2013 à 15:04
Auteur Milena RATHGER
Nombre de pages 118
Prix 10€
Première édition 2012
Pour commencer
Tout d'abord un GRAND MERCI à Tsuki grâce à qui j'ai eu ce livre ! En effet, c'est en participant au concours qu'elle a organisé pour les cinq ans de son blog que j'ai gagné L'Aigle du Caucase !
Ensuite MERCI aussi aux Editions Nergäl pour m'avoir offert le livre.
Et enfin Merci à l'auteur, Milena RATHGER, qui a eu la gentillesse de me le dédicacer !
Résumé
Quand l’agent Jack Parker lui demande de lui prêter main forte sur une affaire délicate, elle est loin d’en imaginer les conséquences pour elle. Cependant, l’arrivée non désirée de Raegan, un autre chasseur aussi charmant qu’irritant, pourrait pourtant changer la donne.
Mon avis
Et bien, pas facile de donner mon avis sur ce livre.
Pour être tout à fait honnête, je n'arrive pas à considérer ce livre comme étant un roman. Il a la rapidité et l'efficacité d'une nouvelle, plutôt, non que ce soit forcément un mal, mais c'est un peu frustrant, d'autant qu'il y aurait eu matière à faire sans trop de mal un 200 pages (voire 300), sans pour autant que cela soit ennuyeux.
Pour être franc, je trouve que ça manque de détails, de descriptions, notamment dans les décors. Cela enlève une bonne part de l'atmosphère du récit, ça le coupe un peu lui-même de sa propre mythologie et c'est dommage. Et puisque le récit est raconté à la première personne (une surprise ! je ne suis plus habitué ! ) s'attarder sur les détails aurait été une bonne façon d'en raconter un peu plus sur le personnage de l'intérieur.
J'ai relevé aussi quelques incohérences, mais bon, ce n'est pas trop grave.
Il y a des passages assez sympathiques pourtant, qui revêtent presque une mise en scène cinématographique.Quelque part entre le polar et l'horreur, et le rythme soutenu de l'histoire fait qu'on a envie de tourner la page.
Pour convaincre totalement, il faudrait vraiment s'attacher aux détails. Elaborer une atmosphère, des fausses pistes, etc... Un peu comme dans les séries TV, comme X-Files ou Supernatural. A faire trop de mystères sur les personnages, on parasite un peu l'intrigue...
Pour le second tome ?
Un détail : la couverture (que je trouve très sympa, pour une fois, et je suis allé voir le site de l'illustratrice, elle fait et ce n'est pas coutume, des photos montages plutôt réussis !) peu induire en erreur, ce n'est pas du médiéval fantastique. Mais elle prend sa signification en lisant ^^
Dimanche 20 janvier 2013 à 11:36