Entre-les-pages
Auteur Daniel TAMMET
Titre original Thinking in numbers
Chez Les Arenes :
Nombre de pages 350
Prix 19,80€
ISBN 978-2-35204-225-9
Première édition Janvier 2013
Traduction Laurent Bury
Résumé
Les mathématiques sont une science, certes, mais une science de l’imagination qui nous permet de répondre aux questions universelles que pose la littérature : le temps, la vie, la mort, l’amour...
Auteur reconnu et cerveau d’exception, Daniel Tammet a le don de raconter les mathématiques, de les rendre concrètes et vivantes, à travers sa propre vie, notre quotidien, la poésie ou la grande Histoire.
Mon avis
On m'a offert ce livre à mon anniversaire. C'était il y a un mois.
Un mois pour lire 350 malheureuses pages.
Fichtre.
D'un côté, le souci vient de moi... mais pas seulement.
A la base, je n'aime pas lire des essais. J'ai toujours trouvé ça horriblement chiant, même lorsque c'est bien écrit (ce qui est le cas ici). Le truc, c'est que j'ai l'impression de faire du sur place, alors qu'avec de la fiction, j'avance. Et on peut incorporer la première dans la seconde, comme ça on lit de la fiction tout en apprenant des choses, ce qui est plutôt pas mal.
Mais je me suis dit, tiens, l'auteur a l'air intéressant, voilà un petit génie qui surmonte son autisme, doué de synsethésie (il voit les chiffres comme des formes et des couleurs) et qui maîtrise sept langues... Ce gars-là a sûrement plei de choses à dire, en plus il a l'air d'être passionné par le sujet.
En fait, déjà, le soustitre français est mensonger. La poésie des nombres.
Au début, je m'attendais à un peu ce qu'avait fait Bernard WERBER dans l'une de ses nouvelles (dans l'arbre des possibles, peut-être, mais je peux fort me tromper), mais pas du tout. Ici, on est dans les maths, pas dans le rêve, même si TAMMET aborde des points symboliques.
ensuite, au début de la lecture, je me suis dit que j'allais apprendre des choses, comme dans le Théorème du Perroquet, excellent livre de Denis GUEDJ, et oui, on y apprend des choses, au fil des anecdotes parsemées dans les 25 chapitres. Mais au final, je crois que j'aurais préféré ne lire que ces anecdotes, que découvrir comment les peuplades "primitives" ou les sociétés antiques comptent, mesurent, jalonnent, perçoivent, dialoguent... des petites histoires de la grande histoire des mathématiques...
Le reste m'a paru un bavardage, certes très bien écrit (la prose de TAMMET est très fluide et facile à suivre, sauf quand il se met à mélanger maths et théologie comme si l'un pouvait justifier l'autre), où l'on sent l'érudition de l'auteur, mais qui ne m'a pas passionné, que j'ai trouvé parfois un peu tiré par les cheveux, voire pas sympa et indiscretquand il parle de sa mère.
Le pire, c'est peut-être une fois le livre refermé. Je me rends compte que je n'ai pas retenu grand-chose, que je n'ai pas compris où TAMMET voulait m'embringuer, la finalité de son livre.
j'ai trouvé mon intérêt ponctuellement (les flocons de neige, par exemple), mais je n'ai pas rencontré la "poésie des nombres" du soustitre.
Dommage.
Jeudi 28 février 2013 à 15:08
Histoire Patrick FITOU
Dessin Jean-Baptiste ANDREAE
Nombre de pages 144
Prix 16€
Première édition Avril 2009
Résumé
Aventures et péripéties en tous genres dans un monde fantastique et picaresque où se côtoient êtres humains, personnages animaliers, robots et autres créatures surprenantes. L’épopée commence sur un immense navire où tout le monde fait la fête, le Mékaton (c’est le cadre du tome 1 de l’histoire, Océanica), avant de se poursuivre sur une banquise très inhospitalière (Antartica, le tome 2) puis de s’achever en apothéose dans une ville immense, Meccapolis, la Cité Unique (c’est Urbanica, le dernier volet).
Mon avis
FITOU signe sur le premier tome, ensuite ANDREAE est seul aux commandes.
Je ne connaissais pas le travail d'ANDREAE avant d'ouvrir le premier tome, et autant dire que j'ai été immédiatement subjugué par la qualité de son trait, de ses mises en couleurs, de ses cadres, de sa lumière.
Souvent, en bande dessinée, on a le droit a une magnifique couverture, mais l'intérieur est un ton en deça, avec des mises en couleurs souvent plus simples (le premier exemple qui me vient est Thorgal, mais ce n'est qu'un titre parmi tant d'autres). C'est un souci dont j'avais déjà pu discuter avant avec un autre auteur de BD, Kara, dont les couvertures regorgent de détails, mais qui sont en totale cohérence, continuité avec ce qu'on trouve dedans.
ANDREAE découpe son histoire comme on découpe un film. On imagine sans mal les champs / contre-champs, resserrements, travellings. Tout la scénographie est super maîtrisée et on entre sans mal dans l'histoire, car dans le même temps il y a une recherche du dynamisme qui donne beaucoup de puissance aux personnages, et nous conduit de rebondissement en rebondissement sans nous perdre une seule seconde.
Imaginez trente secondes d'un film gros budget, imaginez une scène dans un vaste décor avec force détails et accessoires (et au passage un très beau travail également sur la profondeur de champ), avec un éclairage de professionnel, des costumes en veux-tu en voilà et surtout, surtout, une foule de figurants tous très différents, certains humains, d'autres hybrides, comme le rhino de la couverture. Il n'y a pas beaucoup de dessinateurs, je crois, qui relèveraient ce défi à chacune des planches. ANDREAE le fait ici, et le fait avec brio. Ne serait-ce que ça, le triptyque aurait déjà été un coup de coeur.
Mais en plus, le coup de crayon du monsieur est particulièrement raffiné, les expressions de ses personnages sont riches et variées, même dans les plongées, contre-plongées ou vu de trois-quart dos, les personnages expriment leurs émotions.
En plus, l'histoire est loin d'être inintéressante, ça se lit comme on regarde un bon film d'aventure, avec en toile de fond un portrait un peu triste de l'homme moderne, surtout quand on arrive à la deuxième partie et que l'on place en parallèle les passagers du bateau et la tribu du glacier. Le relations entre les personnages sont bien équilibrées, et l'on passe d'un groupe à l'autre sans aucun souci, avec beaucoup de fluidité.
Vraiment, vous devriez tous le lire ! Que du bonheur !
Mercredi 27 février 2013 à 17:40
Auteur Frédéric BEIGDEBER
Nombre de pages 298
Prix dans le livre, c'est dit 6€, mais en fait c'est 7,50€
ISBN 978-2-07-031573-5
Première édition 10 juin 2004
Résumé
En ce temps-là, on mettait des photographies géantes de produits sur les murs, les arrêts d'autobus, les maisons, le sol, les taxis, les camions, la façade des immeubles en cours de ravalement, les meubles, les ascenseurs, les distributeurs de billets, dans toutes les rues et même à la campagne.
La vie était envahie par des soutiens-gorge, des surgelés, des shampoings antipelliculaires et des rasoirs triple-lame. L'?il humain n'avait jamais été autant sollicité de toute son histoire : on avait calculé qu'entre sa naissance et l'âge de 18 ans, toute personne était exposée en moyenne à 350 000 publicités. Même à l'orée des forêts, au bout des petits villages, en bas des vallées isolées et au sommet des montagnes blanches, sur les cabines de téléphérique, on devait affronter des logos "Castorama", "Bricodécor", "Champion Midas" et "La Halle aux Vêtements".
Il avait fallu deux mille ans pour en arriver là.
Mon avis
Premier contact avec l'auteur, mais second contact avec l'histoire puisque j'ai vu le film il y a peu à la télé, et je l'ai beaucoup, beaucoup aimé, tant sur la façon de filmer que sur le propos.
Donc vite, je le pique à la biblio. Et là, merveille, je retrouve le même style insolent. Il y en a qui trouve ça trash. Malheureusement, ça ne l'est pas du tout. C'est cash, mais pas trash, juste parce que ça ressemble furieusement (j'aime bien dire furieusement :D) à la réalité et je sais de quoi je parle, j'ai moi aussi travaillé pour Madone, comme Octave, le personnage principal pour une campagne sur internet, et j'ai vu ce que ça donnait (bon, j'ai pas eu le droit à la dope ni aux filles, là je suis jaloux, mais faut pas se faire d'illusions), et j'ai eu ce genre de réunions interminables pour du prêt-à-porter qui conduisent nulle part car au final on change au dernier moment d'idée, on rogne soudain sur les budgets pour faire un film qui sera pourtant le fer de lance de la marque à l'international, et on dépense ailleurs, on a des goûts de luxe.
Alors bien sûr, il y a une certaine forme d'hypocrisie, BEIGBEDER crache un peu dans la soupe, mais et alors ? qui est mieux placé pour cracher dans la soupe que celui qui l'a goûté et qui la boit encore de temps en temps ? Un journaleux qui a bien étudié le sujet ou un mec qui a vécu ça de l'intérieur ?
Et puis si BEIGBEDER force un peu le trait, ses personnages prennent de la profondeur, ils ne se trahissent, juste parce qu'ils sont terriblement timbrés, narcissiques et malheureux. Et ça, c'est rare d'avoir des personnages comme ça.
En plus, si l'histoire du livre est relativement simple, la trame est très bien construite, les allers-retours nombreux, les personnages annexes sont eux aussi bien présents, jusqu'à occuper parfois le premier plan dans les délires d'Octave.
Alors ok, il y a quelques petites longueurs. Des moments où le récit perd de sa nervosité, surtout dans les phases d'introspection. Et pourtant, en écartant le côté un peu sirupeux, un peu langoureux, on se rend compte que la critique ne cesse pas, mais que le regard se teinte d'une certaine amertume, de fatalisme ou appelez ça comme vous voudrez.
Vraiment, 99francs, c'est une très très bonne découverte, autant pour le film de Kounen que pour le livre. Et du coup, je me demande : Mais pourquoi ne les ai-je pas découvert plus tôt ? Peut-être que plus tôt, ça aurait été trop tôt, j'aurais pas raccroché ça à ma propre expérience...
Lundi 25 février 2013 à 23:14
Auteur Arnost LUSTIG
Titre original Modlitba pro Katerinu Horovitzovou
Chez GALAADE :
Nombre de pages 224
Prix 18€
ISBN 978-2-35176-177-9
Première édition Octobre 2012
Traduction Erika Abrams
Résumé
Peut-être est-ce quelque chose dans son regard ou son pas souple de danseuse, peut-être sa fierté ou même sa prière expresse, qui amena Herman Cohen, porte-parole du groupe, à faire sortir du rang Katarzyna Horowitz.
Auschwitz, 1943 : la jeune femme échappe ainsi à la chambre à gaz et se joint à une vingtaine d’hommes d’affaires juifs américains qui ont su monnayer leur libération avec les nazis… sauf que le pacte se révèle être un piège et une course absurde vers la liberté.
Mon avis
Il y a deux aspects, je pense, dans ce livre, qui s'articule plutôt comme une nouvelle qu'un véritable roman, mais là n'est pas la question.
Le premier, c'est l'histoire, saisissante, effroyable, de ce jeu pervers du chat et de la souris, du fol espoir agîté devant le nez des Juifs déportés dans les camps d'extermination, espoir qui leur fait oublier tout ce que leur crie comme avertissements leur environnement. On assiste, vraiment horrifiés, au sadisme "rentable" de l'officier SS, qui élève la solution finale au rang d'art - par là, afin qu'il n'y ait aucune confusion, je veux dire qu'il s'y emploie tel un véritable maître artisan, alors que j'en avais - et c'est ce qui attend les foules - une vision plus... industrielle. Son cynisme fait froid dans le dos et on ne peut que plaindre les 21 rescapés, comme si on pouvait les prévenir de ce qui les attend. On comprend mieux, à la lecture, que tant de Juifs aient été exterminés, dociles comme des moutons qu'on mène à l'abattoir.
L'auteur, lui-même rescapé de Buchenwald et Auschwitz, sais de quoi il parle, et ses descriptions sont précises et ne laissent aucun doute. On a parfois l'impression de faire partie de ce convoi d'hommes d'affaires.
Le second, c'est le style. Et c'est là que le bât blesse. Je ne sais si cela vient du style de l'auteur ou de la traduction, mais les phrases sont lourdes, leurs constructions parfois déroutantes, au point qu'il m'a souvent fallu (surtout au début), revenir en arrière et décortiquer les phrases jusqu'à en saisir le sens pour en retenir l'essentiel. Cette lourdeur aurait pu tout à fait correspondre à l'ambiance du livre si elle ne s'était érrigée devant la compréhension du texte. Et malheureusement, on retrouve la même chose dans les dialogues.
Néanmoins, cela tend à se dissiper dans les parties 2 et 3 (le livre est en trois parties), la lecture est plus fluide ou alors je me suis habitué.
Malgré cela, je suis content de l'avoir lu, car en plus de l'aspect historique, les liens qui se tissent entre les bourreaux et les victimes, les climats de suspicion, de crainte, de haine qui servent pourtant de terreau à un espoir vain, tout cela est passionnant.
Vendredi 22 février 2013 à 15:17
Auteur Neil GAIMAN et Michael REAVES
Titre original Interworld
Chez Au diable vauvert :
Nombre de pages 287
Prix 18€
ISBN 978-2-84626-167-8
Première édition Octobre 2010
Traduction Michel Pagel
Résumé
Lors d'une course d’orientation, Joey, lycéen ordinaire, perd ses coéquipiers dans un épais brouillard avant d’avoir atteint le point de ralliement. Lorsque la nappe brumeuse se dissipe, Joey se rend compte qu’il a basculé dans une autre dimension. Il comprend alors qu’il détient le pouvoir de voyager à travers des univers parallèles.
Il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux puissances : d’un côté un empire basé sur les sciences, de l’autre un royaume où la magie règne en maître. Ces deux parties ont un point commun : elles sont bien décidées à empêcher Joey de continuer à voyager d’un monde à l’autre. Pour maintenir l’équilibre entre ces deux forces et lutter contre leur volonté de conquérir l’ensemble des dimensions et de tout détruire, le jeune garçon devra s’engager dans une armée composée des Joeys venus de dimensions différentes.
Mon avis
GAIMAN remet ça, cette fois avec l'un de ses compères (que je ne connaissais pas avant). Pour autant, ça ne change pas grand-chose, c'est du GAIMAN quasi pur jus qu'on nous sert ici, avec le style décontracté de l'auteur et son imagination galopante.
Pourtant, au début, j'ai eu un peu peur. C'est parti très très vite, trop vite, on n'a pas le temps de s'installer, d'apprendre à connaître un minimum les personnages. GAIMAN commence souvent ses histoires de cette façon, mais là, ça a un petit goût d'inachevé, de bâclé.
Ensuite, c'est parti pour la grande aventure. Autant dire que le tandem ne lésine pas sur les effets spéciaux, sur les rebondissements, sur les rencontres. On est entraîné d'un univers à l'autre dans une fuite incessante, et parfois même entre les univers. Cela aurait pu être fouillis, mais c'est bien maîtrisé, à grand renfort de descriptions rapides qui plantent très bien les décors. On a aussi, en même temps que le héros, un cours de rattrapage sur les multiples mondes. Héros qui est une figure typique de GAIMAN, sorte d'anti-héros au début, et surtout spectateur plus qu'acteur de sa propre aventure.
Et cet aspect, les mondes parallèles, est très bien exploité, tout est parfaitement imbriqué, logique, tout en réservant de belles surprises.
L'histoire s'axe surtout entre l'Entremonde peuplé de versions alternatives de Joey, et le monde gouverné par la magie. L'empire scientifique fait de la figuration puor le coup, et c'est un peu dommage, on aurait aimé le voir pointer un peu plus souvent le bout du nez. A moins qu'une suite soit prévue ?
A la fin, on apprend la génèse du récit. Moi, je comprends un peu les producteurs : une oeuvre comme celle-ci demande pas mal de moyens. Etrangement, je n'arrive pas à me représenter une série télé avec ce projet (et pourtant, j'aimerais lire unesuite aux trépidantes aventures de Joey). Par contre, je me dis qu'un long métrage d'animation pourrait parfaitement convenir, un truc bien maîtrisé comme sait en raconter le réalisateur de SummerWars, par exemple. Les diverses techniques qu'il avait expérimentées feraient des merveilles dans ce genre de récit.
Pour peu que vous soyez fan de SF un peu foldingue, ce bouquin est pour vous !
Vendredi 15 février 2013 à 19:18