Entre-les-pages

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Auteur
Collectif

Collection 
Lire en anglais dirigée par Henri Yvinec

Chez Le livre de poche :
Nombre de pages 
224
Prix 5,60€
EAN 9782253046844
      
Première édition 14 septembre 1988

J'ai mis la couverture du livre que j'ai lu,
mais la nouvelle édition bénéficie d'une autre illustration. 


Résumé
Cette collection s'adresse à tous ceux qui désirent découvrir ou redécouvrir le plaisir de lire dans leur langue d'origine les oeuvres des plus grands auteurs contemporains. Notes en anglais en regard du texte, lexique bilingue en fin de volume dispensent d'un recours fastidieux au dictionnaire.
Au programme :
- Ray Bradbury : A Piece of Wood
- Truman Capote : Mr. Jones
- Roald Dahl : The Landlady
- Graham Greene : I Spy
- John Updike : Dear Alexandros
- Iain Crichton Smith : The Telegram
- Mary Webb : In Affection and Esteem
- Somerset Maugham : The Luncheon
- Bernard Malamud : The Letter
- Richard Hughes : A Night at a Cottage
- Liam O'Flaherty : Charity
- Katherine Mansfield : The Fly
- O. Henry : The Last Leaf

Mon avis
Cela faisait un très long moment que je n'avais pas lu sérieusement en anglais.
Il y a bien des romans en anglais à la bibliothèque, mais j'avais un peu peur de ne pas y arriver.
Il y a des romans bilingue, mais j'avais peur de ne lire que la page de droite (tentation, quand tu nous tiens !)
Et puis tout en bas d'une étagère, j'ai déterré ce petit recueil et je lui ai laissé sa chance.
Concernant les nouvelles, toutes ne sont pas aussi bien que je l'espérais, peut-être que je suis trop habitué au genre "horreur" où souvent le dénouement est la clef de voûte du récit.
Si je devais en retenir cinq sur les treize, ce qui est déjà pas mal, alors mes préférées sont :
- A piece of wood
- The landlady
- The letter
- A night at a cottage
- The last leaf
et très clairement, si j'ai à peu près compris le texte, je n'ai pas compris
the fly sûrement j'ai loupé quelque chose en route.

Sur le principe de cette collection, je l'ai trouvé excellent. Pas de traduction toute faite, mais un accompagnement presque interactif, que l'on n'est pas obligé de lire, en page de droite, faisait directement face au texte original à gauche. Ainsi, lorsqu'une expression accroche, qu'il manque au lecteur un peu de vocabulaire et qu'il n'arrive pas à le déduire de la phrase, tout est rapidement expliqué en anglais. Et en cas de doute ultime, un mini dictionnaire français / anglais attend en fin de livre, ce qui évite la plupart du temps de courir après le gros dico qu'il me reste du lycée.
Il y a aussi de courtes bio des auteurs, ce qui est plutôt intéressant, car je ne les connaissais pas tous, loin s'en faut.
Et de petits exercices - que je n'ai pas fait, faut pas pousser mémée dans les orties non plus - sont proposés à la fin de chaque récit.

Bref, ça m'a fait beaucoup de bien de me replonger un peu dans l'anglais. J'ai pas mal de lacunes concernant le vocabulaire, mais je ne m'en tire pas trop mal. En plus, j'ai fait l'effort, pour certaines histoires, de lire du bout de lèvres plutôt que juste laisser mes yeux glisser sur le texte, c'est bizarre, mais ça m'a aidé dans la compréhension globale des textes, peut-être que j'en saississais mieux le rythme.
Si je trouve un même recueil (je sais qu'il y en a un avec 5 histoires de fantômes) je me laisserai certainement tenter
Vraiment, pour ceux qui, comme moi, n'ont pas une confiance absolue en leur niveau d'anglais, qui ont un peu peur de se jeter dans un roman, ce genre d'initiative est plus que bienvenue, d'autant que depuis 1988, la collection s'est bien enrichie.

Vendredi 12 avril 2013 à 14:51

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Auteur Haruki MURAKAMI
Titre original Panya Sugeki et Panya saishugeki
Illustrations Kat Menschik

Chez BELFOND :
Nombre de pages 
63
Prix 17€
ISBN 978-2-7144-5414-0
      

Première édition Novembre 2012
Traduction Hélène Morita et Corinne Atlan
 


Résumé
Superbement illustrées, deux nouvelles, dont une totalement inédite, pour découvrir autrement l'univers envoûtant de l'auteur de la trilogie culte 1Q84. Un homme et une femme dans un appartement de Tokyo. Ils ont faim. Pas une faim ordinaire. Une faim qui tenaille, qui prend aux tripes, qui obsède. Une faim comme le souvenir d'une faim antérieure. Une faim tellement forte, tellement impérieuse qu'elle va les pousser à commettre la plus absurde des attaques...


Mon avis
J'aurais plutôt voulu continuer avec un roman de Murakami, pas trop le temps, et puis je suis tombé sur ces deux petites nouvelles.
Le plus simple est peut-être de reprendre le résumé point par point :

- Superbement illustré. Bon. Ok. C'est stylé, ces illustrations tout en vert blanc et doré comme la couverture. Et certaines arrivent à être sympa. Belles, je ne sais pas, ça dépend des goûts. Superbes ? c'est un poil excessif, grandiloquent, prétentieux, voire publicitaire ^^. Je ne les ai pas trouvées superbes, et surtout, j'ai trouvé qu'elles n'ajoutaient rien aux nouvelles.

- L'univers envoûtant ...1Q84... Remarquez, c'est la même phrase. donc on nous sert la même pommade. Déjà, ce sont de vieilles nouvelles, (1981 et 1985) donc en 20 ans, l'univers et le style de l'auteur ont pu évoluer. J'ai l'impression que Murakami va être cantonné à une seule oeuvre, maintenant, c'est pas bien malin.

- Les nouvelles en elles-mêmes sont sympathiques, légères, oscillant entre monde réel et absurde, mais malheureusement, c'est tout. Un petit divertissement vite lu, sans aspérité, juste bien écrites. Très franchement, 17€ pour quoi ? trente minutes de lecture aussi légère, c'est bien trop cher et ça ne les mérite pas, surtout avec ces illus qui font du remplissage. On en ressort un peu sur sa faim (un comble, au regard du sujet !), frustré, en se demandant là où on a bien voulu nous conduire, pourquoi l'éditeur a sorti ce recueil à part pour engranger du bénef.
Oui, je suis méchant, mais j'aime pas trop être pris pour un con.

Jeudi 4 avril 2013 à 17:17

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Scénario
 Jeff SMITH
Dessin Jeff SMITH

Titre original BONE


Chez Delcourt :
Nombre de tomes 
11 (+2 hors série)
Prix selon le nombre de pages, entre 9 et 14€ environ
EAN 978-2-84055-063-1  (pour le tome 1)
Première édition janvier 2007

Traduction Anne Capuron


Résumé
Chassés de Boneville, Fone Bone et ses cousins se perdent de vue dans un désert suite à une attaque de criquets. Le petit Bone doit se débrouiller pour survivre dans une vallée inconnue, perdu dans une immense forêt.
Il fait la rencontre de beaucoup d'animaux, en général sympa, mais il va aussi faire la rencontre d'un dragon fumeur de cigarettes, de rats-garous mangeurs de quiches, d'une super-mamie et de Thorn, une charmante jeune fille.

Mais dans cette forêt où la joie de vivre est omniprésente, le temps des grands changements n'est pas loin !

 1 : La forêt sans retour
 2 : La grande course
 3 : Rêves et cauchemars
 4 : La nuit des rats-garous
 5 : Le pourfendeur de dragons
 6 : Le feu de la Saint-Jean
 7 : Le seigneur des marches de l'Est
 8 : La caverne du vieil homme
 9 : Les cercles fantômes
10: Chasseurs de trésor
11: La couronne d'aiguilles

Mon avis
Bone, ça commence comme une petite histoire toute mignonne, avec des personnages assez loufoques. Fone Bone est un bone tout gentil, naïf, attendrissant, Smiley est un monstre de générosité dont on se demande s'il ne serait pas parfois un brin simplet, et Phoncible P Bone est un horrible magouilleur qui n'hésiterait ps à vendre père et mère (heureusement, il n'a que ses cousins sous la main !) pour gagner le moindre centime.
Au premier tome, on se demande encore si le reste de la série va rester sur ce ton léger, humoristique et sans grande tension dramatique...
Et puis, au fil des volumes, la tension s'installe doucement, et sans se départir de son ton bon enfant, l'histoire prend un virage plus sombre, plus percutant, plus violent.
Et force est de reconnaître que Jeff Smith trouve le ton exact, le parfait équilibre, aussi bien au scénario que dans ses dessins.
Moi, ça m'a beaucoup fait penser aux histoires de Neil GAIMAN, où l'on retrouve cette même alchimie, voire ce même univers de fantasy marrante et glauque à la fois, la même générosité dans le simple fait de raconter une histoire.

Le dessin, justement : il ne faut pas se laisser prendre par le côté rond des bone. SMITH pose des planches précises, tout en noir et blanc (dans mon édition, mais il existe une version couleur, mais pour le peu que j'en ai vu, elle me parait bien moins intéressante), sans gamme de gris intermédiaires. Et SMITH livre pourtant des cadrages super maîtrisés, un vrai travail sur l'utilisation de la lumière, des contre-jours, etc... digne d'un chef-op de cinéma.

Et puis ce qui est fantastique, surtout, c'est la qualité et la profondeur des personnages. Car si Fone Bone est le lien, le fil conducteur du récit, toute une galerie de personnages secondaires qui révèlent une large palette de sentiments peuple le récit. Et ils n'auront de cesse d'évoluer eux aussi au fur et à mesure, et on ne peut s'empêcher de s'attacher profondément à eux. Alors bien sûr, il y a la mamie, Thorn, Lucius, Phoney, Smiley, mais il y aaussi Bartleby, Ted, Jonathan et un que j'ai bien aimé aussi : Wendell.


Voilà donc une BD qui derrière une apparante facilité, une certaine nonchalance propose une vraie histoire mâtinée de fantasy, un univers graphique très plaisant, des moments qui surfent de l'horreur à l'émotion en passant par le rire.
Un grand merci à mon ami Erwan qui m'a conseillé ce titre, j'ai pris beaucoup de plaisir à en dévorer les pages !

Mardi 2 avril 2013 à 15:52

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Auteur
Marie PAVLENKO


Chez Le Pré aux Clercs :
Nombre de pages 427
Prix 16€
ISBN 978-2-84228-500-5
      

Première édition Mars 2013




Résumé
"Six clans, six magies, six pouvoirs. Un destin."
Six Clans dirigent la Cité. Chacun possède une Magie qui commande aux éléments ou aux êtres vivants. De leur union dépend l’équilibre. C’est pourquoi durant la Fête des Échanges, les adolescents sont soumis à des épreuves, en vue d’être initiés. Parce qu’elle a échoué, la jeune Érine est bannie, loin de sa famille et de son Clan. Condamnée à survivre dans la zone d’exil, elle va bientôt découvrir le sombre secret de la Cité. Et le terrible complot qui menace de la détruire.

Pour commencer
Un grand merci à l'équipe de LIVRADDICT pour m'avoir permi de découvrir ce roman et cet auteur, que je ne connaissais pas, dans lecadre d'un partenariat
et
Un grand merci aussi à l'éditeur le Pré aux Clercs qui m'a envoyé le livre super vite, je ne m'y attendais pas, surtout avec le Salon du Livre qui approchait, ils devaient être bien occupés par ailleurs !

Mon avis
-
le livre
Pourquoi ai-je choisi ce livre ? Je ne connaissais pas l'auteur, c'était donc l'occasion de la découvrir, mais le résumé ne nous dit pas grand-chose de l'intrigue en fait (ce qui n'est pas plus mal), on connait les bases, pas du tout l'orientation du récit. En fait, j'ai flashé sur la couverture, comme quoi une bonne couverture, c'est l'assurance de lecteurs, en titillant l'intérêt. J'aime bien la gamme de couleurs et je la trouve bien construite, dynamique. En somme, la promesse d'aventures et de rebondissements nourris.
Un truc qui devient rare, je trouve, c'est retrouver le titre du chapitre en tête de page. C'est une chose que j'apprécie, personnellement. Par contre, je trouve qu'il y a un petit souci avec le papier choisi, ou les machines de l'imprimeur, je ne sais pas. Mais plusieurs pages étaient marquées, comme pliées, et j'ai manipulé mon livre avec précautions de peur de déchirer une page. Ce qui n'est pas arrivé, mais bon :S

- le récit
Prendre le relai de Robert HOLDSTOCK (voir le livre précédent) n'était pas chose aisé. Surtout qu'à l'univers immense (dans tous les sens) de HOLDSTOCK, Marie PAVLENKO oppose un monde fonctionnant quasiment en vase clos, réduit à l'échelle d'une ville, découpé selon un maillage très artificiel, avec des compartiments presque hermétiques. Cela m'a un peu géné au début, mon esprit cartésien se demandant comment une cité aussi segmentée géograhiquement pouvait avoir une économie saine, et des échanges aboutis. Oui, j'admets, je me complique la vie.
Bref passons.

On nous parachute en pleine action, on se demande un peu ce qui se passe, on revient en quatrième de couverture pour lire le résumé - Suis-je bien en train de lire le bon livre ? Ce n'est qu'un peu plus loin qu'on raccroche les wagons. La surprise est assez inattendue et bienvenue.
L'histoire en elle-même est assez simple, certains rebondissements ou certaines révélations ne sont vraiment fracassantes, n'attirent pas le récit soudain dans une autre direction, mais ce n'est pas gênant, car la jeune héroïne Erine est constamment en mouvement, ce qui confère un grand dynamisme au récit, il lui arrive toujours plein de choses, et du coup on se fait quand même surprendre.

Il y a assez peu de descriptions du décor ou des gens qui l'entourent, certains diront que c'est parce que c'est un livre jeunesse, mais le peu qu'il y a suffit à se faire notre propre idée de la cité, de ses habitants... le récit est à la première personne, au présent, Erine ne se perd pas dans la contemplation de ce qu'elle connait déjà, mais nous entraîne dans un univers qu'elle connait parfaitement. A nous de faire preuve d'un peu d'imagination pour combler les blancs.

Moi, en dehors du style précis et rapide de l'auteur, ce qui m'a particulièrement plu, c'est l'interaction d'Erine avec son environnement. Les personnages secondaires ont leur importance (mention spéciale pour Arkadi), Erine communique beaucoup avec eux, et s'il n'est pas décrit avec moult détails, le décor est aussi important. J'aurais juste aimé connaître un peu mieux les spécificités du clan des couteliers et des guérisseurs, savoir à quoi ressemble leur morceau de cité, surtout que ce sont les deux camps "dominants".
J'ai bien aimé aussi les dialogues, qui ne tournent pas autour du pot, vont à l'essentiel. le dynamisme et les dialogues donnent un côté très BD à la lecture, rapide, agréable. Surtout que l'intrigue monte en puissance à chaque chapitre, et si la lecture est assez tranquille au début en dépit de la scène d'ouverture, il devient ensuite de plus en plus difficile de lâcher le livre.

Enfin, une dernière chose qui m'a un peu étonné, au début, car je croyais que la collection PANDORE s'adressait à un jeune public, et puis non en fait, c'est plus grands ados et jeunes adultes (chic, je suis un jeune !) c'est la violence qui est omniprésente. L'univers a beau ête baigné de soleil, perdu dans l'immensité du désert, il a son côté obscur, noir et froid, calculateur. Loin de gâcher le plaisir de la lecture, on s'enfonce dans les ténèbres, cela donne une forme de cohérence au côté artificiel de la cité des Six.


Je suis vraiment content que mon premier partenariat soit un aussi sympathique livre. J'ai vraiment aimé partager les aventures d'Erine, personnage assez complet avec sa grande force, mais aussi ses faiblesses. J'ai d'autant plus été conquis en avançant que j'ai compris que si la magie occupait une place très importante du récit, elle n'en est pas le coeur. Je suis souvent déçu quand la magie arrange les choses d'un coup de baguette magique, que les personnages ne vont pas au bout d'eux-mêmes.
En plus, pour ne rien gâcher, je retrouve ici avec plaisir des thèmes que j'explore moi aussi quand j'écris.
Pas forcément LE coup de coeur de l'année, mais assurément un très, TRES bon moment !

Et je vous invite à aller sur le site de la collection Pandore, qui est assez joli je trouve ^^

En plus
Lisez aussi 
L'interview de Marie PAVLENKO ! ! !

Samedi 30 mars 2013 à 16:35

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Auteur
Robert HOLDSTOCK
Titre original Ancient echoes

Chez DENOEL :
Nombre de pages 477
Prix 25€
ISBN 2-207-25664-2


Première édition 2006
Traduction Florence Dolisi



Résumé
Depuis qu'il est enfant, Jack Chatwin a des visions. Il voit de façon très réaliste un couple - Visage Gris et Visage Vert - poursuivi par un démon et la troupe de traqueurs sous ses ordres. Qui sont ces créatures ? Où se trouve leur monde, tout en forêts inviolées et en cités blanches aux tours démesurées ?
Les réponses échappent au jeune Jack, jusqu'à ce qu'il rencontre John Garth, un archéologue qui cherche Glanum, une cité mythique qui semble se déplacer sous le sol, ou plutôt sous la réalité. Quelques années après que John Garth a été littéralement happé par Glanum, Visage Gris prend pied dans la réalité de Jack et lui demande de l'aide. Conscient que le sort de deux mondes repose entre ses mains, Jack part à la recherche de Visage Vert, débutant ainsi la plus dangereuse des quêtes.

Mon avis
(attention, spoil possible)
Je retrouve Robert HOLDSTOCK après avoir lu, il y a quelques années, l'intégrale du cycle La forêt des Mythagos, dont le premier récit m'avait fortement marqué (et dont je conseille vivement la lecture).
S'enfoncer dans les univers de HOLDSTOCK, c'est partir en territoire inconnu, explorer les mythes anciens, fondateurs, primitifs. Il faut laisser de côté la morale moderne, les notions de bien et de mal, si l'on veut s'ouvrir au récit et s'imprégner du monde observé.

Dans ce roman, on retrouve d'ailleurs ce qui fait l'essence du premier récit au moins (les autres m'ont moins marqué) de La forêt des Mythagos. Car lire du HOLDSTOCK, ce n'est pas entrer dans un récit de "Fantasy" (quoique vous entendiez par ce terme) pur et dur, avec son lot de quêtes, de chevauchées, de combats dantesques, de châteaux moyen-ageux et tout le tralala dans un monde imaginaire.
HOLDSTOCK, c'est plutôt entrer dans l'imaginaire de notre monde, l'inconscient collectif, la source de nos histoires et de nos rêves avec, à la fois des personnages et créatures fictives et historiques.
Ce n'est pas bien facile à expliquer, alors je vais "pitcher" rapidement le premier récit de la saga des Mythagos : C'est l'histoire d'un homme qui habite près d'un bois. Par la campagne, on peut faire le tour d'un bois en deux heures. Mais si l'on pénètre dans ce bois primitif, on peut marcher des semaines tout droit sans en voir la sortie. Et c'est là que ça commence à devenir intéressant : Il y a des créatures dans ce bois, des figures primitives de, par exemple, Robin des Bois, qui à la fois existent entre les arbres et ne peuvent exister sans que cet homme vienne "imprégner" la forêt de sa culture. De cette forme d'inconscient qui puise ses récits dans des racines immémoriales.
Là, c'est pareil, sauf que c'est différent, Le héros est "imprégné" mais devra plonger en lui-même pour trouver des réponses. C'est à la fois une quête physique et onirique. La cité existe à plusieurs niveaux, en plusieurs temps, dans le monde réel comme dans les profondeurs d'une "culture collective". Cette complexité fait que ce roman n'est pas facile à aborder. On peut s'y perdre comme dans un labyrinthe, car si le monde de Glanum peut se figer dans la réalité, Jack, le héros de l'histoire, peut aussi dans certaines limites, en modeler des représentations qui proviennent de son Moi profond.
Pour autant, il ne faut pas se décourager : les passages abordant la psychanalyse seront parfois difficilement compréhensibles pour la plupart des lecteurs, mais l'auteur y revient régulièrement, par différents biais, et l'on finit par comprendre globalement là où il veut nous amener. Nombreux sont les fans de "Fantasy" qui seront déboussolés, loin de leurs repaires habituels.

Et puis il y a le style de l'auteur. On peut aimer ou pas. Ses décors sont riches, titanesques, complexes et pire : évolutifs. Au fil du récit, il faut sans cesse réactualiser, garder la base et revoir le rester et comprendre la raison de ces changements. En plus, les personnages créés par HOLDSTOCK ne sont pas de simples caricatures, eux aussi ont leur richesse, leurs désirs, leurs peines, leurs intérêts, et eux aussi évoluent au fil du temps. Le style de l'auteur est à l'image de cela : parfois aride, factuel, comme ses déserts, parfois fourni, dense comme ses forêts.


Une fois n'est pas coutume, une :
Conclusion
Je ne saurais que trop conseiller ce roman marquant, mais avant tout à de bons lecteurs, adultes, qui ne reculent pas devant la difficulté. La générosité de l'auteur saura les récompenser. Il y a matière à se laisser soi-même imprégner, à se nourrir dans les racines lointaines, sauvages, tribales presque de La chair et l'ombre.
Pour les autres lecteurs se poseront alors les questions de leur ouverture d'esprit, de leur propre imaginaire, de leur tolérance à une forme de "fantasy initiatique" et à laisser glisser ce qu'ils ne saisiront pas tout de suite avec l'espoir de comprendre un peu plus loin.

Personnellement, le passage intitulé MoPIDA m'a posé quelques soucis au début, mais je pense qu'on peut raccrocher les wagons sans trop de mal ensuite, et j'aurais aimé une fin un peu plus longue, qui ne ferme pas autant le récit.  Mais j'ai adoré cette plongée dans la malédiction de Glanum, et puis... comment ne pas tomber sous le charme de Visage-Vert ?

Dimanche 24 mars 2013 à 0:28

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