Entre-les-pages

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Auteur
EDOGAWA Ranpo
Titre original 盲獣, Mōjū

Chez Philippe Picquier :

Nombre de pages 160
Prix 6 €
ISBN 978-2-87730-439-9
       

Première édition Mai 1999 (texte de 1931 au Japon)
Traduction Rose-Marie Makino-Fayolle



Résumé
Un masseur aveugle, fasciné par la perfection du corps féminin, entraîne ses victimes de rencontre dans des mises en scène cruelles et perverses où les plaisirs sensuels et les amours troubles deviennent très vite des jeux douloureux.
Caresses raffinées pour les plaisirs extravagants d'un esthète qui célébrerait l'art dans un monde de beauté purement tactile.

Mon avis
Avant le vrai Edgar Allan POE à venir dans une chronique prochaine, je me suis penché sur son "homonyme" japonais, EDOGAWA Ranpo (HIRAI Taro, de son vrai nom).
Et en chemin, j'ai un peu oublié que le sieur était le géniteur de l'ero guro nansensu...
En gros, je pensais me trouver avec un polar entre les mains et fi, donc ! il n'y a pas grand chose de policier là-dedans.
Oui, on a bien un tueur psychopathe, d'élégantes victimes, mais aucune enquête digne de ce nom, on suit juste le cursus meurtrier de notre monstre aveugle.

Alors pour ceux qui en passant, se sont dit : mais WTF, kézako l'ero guro nansensu ? c'est un mouvement artistique japonais, alliant le non-sens, l'érotisme et le macabre grotesque (c'était presque dit dans le nom, hein !) disons une sorte de farce gore et sexy pour faire simple.

Soit.
A la limite, moi, ça ne me dérange pas qu'on fasse un mix entre Tim Burton et Russ Meyer.
Mais je préfère quand c'est bien fait. Malheureusement, l'intrigue n'est pas construite, le style maladroit, les psychologies des personnages frisent le néant, et du coup on en ressort avec l'impression que ce petit livre pourra toujours être utile pour caler un meuble (ça m'embête un peu de dire ça comme ça, parce que les livres édités par Philippe Picquier que j'ai eus pour le moment entre les mains étaient plutôt bons jusqu'à présent)
Du coup, dur d'être amusé, émoustillé ou choqué par cette petite historiette qu'on se dépêchera d'oublier...

Samedi 28 juin 2014 à 21:16

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Auteur Lily FRANKY
Titre original Tokyo tower - Okan to buko to, tokidoki, Oton

Chez Philippe Picquier :
Nombre de pages 416
Prix 21€
ISBN 978-2-8097-0165-4
       

Première édition Mars 2010
Traduction Patrick Honnoré


Résumé
Par une star de la scène rock et pop japonaise indépendante, un hommage à sa mère et récit de ses années d'enfance puis d'errance et de galère à Tôkyô.
Un père looser indécrottable et yakuza à ses heures, une mère forte et généreuse qui voue son existence à son fils. Et, pivot symbolique et ombilic du monde, la Tour de Tôkyô, qui attire les jeunes provinciaux et leur brûle les ailes.
Porté par une langue orale inventive et imagée, mais aussi très maîtrisée, qui transforme progressivement ce récit de la découverte de la ville et de soi en leçon de vie, ce livre est aussi l'emblème de toute une génération. Celle qui, née dans les années 1960, fut trop jeune pour avoir participé aux mouvements contestataires, mais ne s'est jamais reconnue dans l'idéologie du"miracle" japonais.
Une génération sans complexes qui refuse de rentrer dans le rang et invente sa propre modernité.

Mon avis
Je ne sais pas à quoi je m'attendais en ouvrant ce livre, mais pas à ça.
La phrase d'accroche du résumé est trompeuse, on croit qu'on va avoir un portrait d'homme joyeusement rock'n roll et puis en fait, pas du tout.
Lily FRANKY, de son vrai nom NAKAGAWA Masaya n'est pas sur le devant de la scène comme on pourrait de prime abord l'imaginer, mais est illustrateur, musicien, critique, auteur d'albums jeunesse... un touche-à-tout plus qu'un star de la J-Pop. Ce livre est son histoire et aussi et surtout un hommage à sa mère.

Ce livre, on peut le diviser en trois grandes parties : sa vie d'enfant, sa vie d'errance et sa vie d'adulte. Tout sa vie s'articule autour de sa mère, qu'elle soit présente ou au loin, mais les trois parties ne lorgnent pas toujours vers le même intérêt.

- L'enfance de Ma-kun : Le futur Lily FRANKY est un petit gars parmi tant d'autres, ni mieux ni pire, qui grandit dans une cité industrielle avec sa mère. Il ne voit son père qu'occasionnellement et n'entretient guère de liens affectifs avec la figure paternelle qui semble n'exister que pour lui-même et n'a aucune idée de la façon d'agir avec son rejeton.
Cette première partie est surtout l'occasion de découvrir un arrière plan méconnu du Japon en pleine révolution économique, les coutumes et les petits gestes du quotidien. Avec des phrases brèves, de façon simple, il introduit la relation privilégiée qu'il a avec sa mère très attentionnée et dépeint avec minutie tout ce décor historique, avec un regard partagé entre sa vision d'adulte écrivain et ses souvenirs d'enfance.

- Son "adolescence" : FRANKY quitte le nid et tente de faire ses preuves dans les études. Autant dire qu'il échoue lamentablement et qu'on a envie de lui donner des coups de pieds au cul. Même si ça ne sert pas à grand-chose. Livré à lui-même, il est encore une fois l'exemple type de celui qui n'arrive pas à trouver ses marques dans la société japonaise (on à l'impression que c'est propre à la culture japonaise, parce qu'il y a une sorte de carcan hyper rigide dans l'archipel nippon pour faire sa place, mais c'est tout pareil dans le reste du monde. En tout cas, je me reconnais pas mal en lui.) Il ment pour avoir un minimum vital, qu'il s'empresse de claquer dans l'alcool, n'a pas de boulot, navigue d'un taudis à l'autre au gré des poursuites de ses créanciers. Sur ce passage, FRANKY n'est pas très sympathique, on a du mal à s'attacher à lui.

- Sa vie d'adulte : Depuis le début, on suit le parcours de Lily FRANKY. A partir du moment où sa situation commence à se stabiliser, sa vie passe totalement à l'arrière plan et nous n'en saurons guère plus sur son cursus, sur la façon dont il commence à être reconnu. A la place, sa mère revient sur le devant de la scène, et on se rend compte alors qu'à travers lui, FRANKY parlait de sa mère depuis le début. Il y a beaucoup de pudeur et de retenue dans cette dernière partie, aussi éprouvante soit-elle on sent la chaleur et l'amour qui la sous-tend, même s'il n'est pas toujours facile de dire ses sentiments. Et forcément, comme Lily FRANKY, on trouve cette femme épatante.

La tour de Tokyo est un livre que j'ai beaucoup apprécié, surtout la première et dernière partie. L'écriture est très agréable (j'aime un peu moins certains passages, moins évocateurs, où FRANKY laisse dériver sa plume pour coucher des sortes d'impressions, mais ils ne sont pas légions) Du coup je retiens le beau portrait de femme et l'intérêt historique et social du livre, et rien que pour ça, il mérite d'être lu !

J'ai lu ce livre dans le cadre du Challenge des 5 continents. Et voilà, j'ai fait un sort à l'Asie de belle façon !
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Lundi 23 juin 2014 à 2:01

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Auteur
 Jean-Luc MARCASTEL


Chez Scrineo :
Nombre de pages 446
Prix 16,90€
ISBN 978-2-
      

Première édition 5 Juin 2014




Résumé
En 1994, un centre de recherche et un village entier disparaissent mystérieusement dans une petite vallée du sud de la France, sans laisser de traces…
Vingt ans plus tard, le lieutenant Vincent Marty est envoyé sur les lieux dans le plus grand secret. Objectif : récupérer les travaux de ce laboratoire perdu… des travaux portant sur la miniaturisation.
Plus facile à dire qu’à faire, quand on vous réduit à la taille d’une fourmi et que vous disposez de seize heures pour vous frayer un chemin dans la plus impitoyable des jungles, hantée par des créatures cauchemardesques plus terrifi antes, voraces, rapides et meurtrières les unes que les autres… les insectes. Là, au milieu d’un peuple d’humains microscopiques, Vincent découvrira un univers plus incroyable encore qu’un monde de fantasy. Une société violente, impitoyable, calquée sur le modèle du règne animal et des êtres déracinés qui trouveront avec lui le chemin de leur humanité.

Pour commencer
Un grand merci à l'équipe de LIVRADDICT pour m'avoir permi de découvrir ce roman et cet auteur, dans le cadre d'un partenariat
et
Un grand merci aussi à l'éditeur SCRINEO qui m'a envoyé le livre super vite, tellement vite que je ne m'y attendais pas, tellement vite que j'ai pu me plonger dedans avant même sa date de sortie officielle !

Mon avis
le livre

J'ai jeté mon dévolu sur ce livre parce que le sujet m'a interpelé. Je n'avais pas tellement aimé Arthur et les minimoys (le film), mais j'ai eu l'impression avec ce titre que j'allais plus retrouver une ambiance à mi-chemin entre Chérie j'ai rétréci les gosses (pas forcément par le côté comédie, mais pour l'aspect de l'aventure) et le dernier Crichton, que j'ai d'ailleurs chroniqué sur ce blog : Micro.
Et, de la même façon que j'aime les ténèbres insondables et terrifiantes de l'espace (même pour mes loisirs, l'astronomie étant un domaine qui m'interesse), j'apprécie aussi de visiter l'infiniment petit ainsi que les mondes souterrains (promis, dès que je m'installe, je m'inscris dans un club d'astro ET dans un club de spéléo !)
J'aime bien la couverture aussi, simple, efficace, elle nous projette d'avance dans notre lecture. Et ça, j'aime.
J'ai relevé une ou deux coquilles. Rien de bien grave. Rien qui entrave le plaisir de lire.

- le récit
Bon.
Petite surprise, déjà, ce n'est que le premier tome d'une trilogie. Je n'avais pas vu.
Je me dis "tant pis" (oui, je n'aime pas trop les histoires à suivre sur plusieurs volumes) et je me plonge dans la lecture.

Bon...
Seconde fois que j'écris cet article à cause d'un bug.
Autant dire que j'ai les nerfs.
Ce ne serait pas un article pour un partenariat, autant dire que je torcherais le truc en moins de deux, mais comme j'ai un minimum de respect pour tous ceux qui ont concouru à me proposer ce livre, je vais tenter de bien faire les choses (et de prendre sur moi pour pas foutre mon poing sur la tronche de l'écran)

Je disais donc :
Je passerais sur les quelques incohérences que j'ai pu relever (miniaturisation, temporalité, et d'autres petites sources de chipotage), mais certaines idées sont plutôt sympathiques et servent bien le récit, donnant un impact assez réaliste.
Je passerais aussi sur le début, un peu trop pompier à mon goût. Je trouve un peu dommage qu'on nous raconte des éléments par le biais d'un dialogue et de pensées un peu cousues de fil blanc, alors qu'il aurait été plus efficace de nous les montrer.

Sinon, le style est assez fluide et agréable et on se coule sans problème dans les aventures de nos minipouss. Parfois, MARCASTEL a tendance à ralentir son action par des observations et des pensées qui n'ont rien à faire là quand on fuis pour sa survie et qui plombent un peu ces petites zones de récit, mais sans cela les actions sont fluides, bien mises en scène et les décors soigneusement plantés, ce qui permet sans mal d'imaginer le coin de nature où se déroule l'action. Et pour ceux qui on un peu de mal, l'auteur a pensé à tout en annexe.

Sur le récit, on est à la frontière entre Micro et le film Stargate, on navigue entre les sales bestioles (mais qu'ai-je fait de mon baygon ?) et une civilisation inédite et par ailleurs très bien travaillée, avec leurs mythes, leurs lois, leurs déviances... et le tout intégré de façon assez pertinente par rapport au contexte. Alors oui, les personnages sont un peu stéréotypés, mais l'auteur a conservé une marge de manoeuvre qui lui permet de faire évoluer ses protagonistes et mieux encore : offrir à ses personnages la possibilité d'opposer des freins à leur évolution. Du coup, il nous embarque sans peine à leur suite, le côté SF n'étouffant pas le côté humain, et on a bien envie de savoir comme va se terminer leur quête et quels seront ceux qui périront dans d'ignobles souffrances. D'autant qu'il nous est toujours rappelé les divers ennemis qui menacent le petit groupe autour de Vincent : la tribu des Sinks pas cool, la tribu des filles pas faciles, les bestioles de tailles variées, le temps, l'environnement...

En bonus, une surprise agréable vient compléter les notes de bas de pages : des fiches sur les Sinks, sur la topographie, sur les insectes avec des croquis à l'échelle et des descriptions de leurs sales habitudes principales ( à noter, l'absence réjouissante d'anthropomorphisme, ce qui est un réel soulagement de ma part) et un lexique de vocabulaire pour parler Sinks couramment... ou presque.


Un grand merci donc à Livraddict et à SCRINEO, pour m'avoir permis de chroniquer ce livre dont j'attends la suite avec impatience !

EDIT : un bonus est annoncé sur le site de l'éditeur, mais pour l'instant, il n'y a rien

Samedi 7 juin 2014 à 1:54

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Réalisateur Doug LIMAN

Avec Tom CRUISE, Emily BLUNT


Durée  113 minutes

Format 2,35 3Drelief

Sortie 4 juin 2014




Résumé
Dans un futur proche, des hordes d'extratterrestres ont livré une bataille acharnée contre la Terre et semblent désormais invincibles: aucune armée au monde n'a réussi à les vaincre.
Le commandant William Cage, qui n'a jamais combattu de sa vie, est envoyé, sans la moindre explication, dans ce qui ressemble à une mission-suicide. Il meurt en l'espace de quelques minutes et se retrouve projeté dans une boucle temporelle, condamné à revivre le même combat et à mourir de nouveau indéfiniment…

Mon avis
Depuis le temps que je voulais le voir ! ! !
L'attente a été longue ! et encore, c'est une avant-première !
Alors, que dire de ce film de SF, avec l'increvable Tom CRUISE, toujours aussi bon (oui, j'aime Tom CRUISE, je sais que c'est pas le cas de tout le monde, mais on ne se refait pas).

Y a des petites choses que j'attendais, une atmosphère, une façon de filmer un peu plus contemplative. Peut-être dû à son dernier film, Oblivion (je parle de Tom), qui faisait la part belle aux décors, peut-être aussi dû en partie à la bande annonce. C'est pas ça, ça m'a un peu manqué, mais c'est pas pour ça que ce n'est pas efficace, mais on n'a guère le temps de profiter.
Et puis ausi l'usage de la 3Drelief qui est parfois très efficace, notamment sur le champ de bataille où les débris pleuvent, mais elle est parfois fatiguante, la faute à des plans souvent en mouvement rapide que la 3D ne gère pas encore bien. Surtout qu'il y a denombreux gros plans, et là aussi, je trouve ça fatiguant.
On pourra aussi reprocher aux extraterrestres de faire un peu transformers dans leur façon de se déplacer...
Ah, et il y a un détail qui m'a fait tiquer. 80% de l'action se passe en France, mais à un moment, Tom sert du café à Emily et lui propose du sucre. Il lui offre un sachet de sucre, au milieu de la campagne... au pays du sucre en morceaux... ^^

Et le contenu ?
Il faut l'avouer, ça ne manque pas de générosité. Un film de SF avec un film de guerre (Bonjour, nous revisitons la seconde guerre mondiale ! ), et des petites touches très bienvenues et très bien dosées de comédie, il n'en faut pas plus pour donner du corps à ce film. Le début est très drôle, et visiblement CRUISE s'est éclaté dans ce rôle avec des scènes totalement décalées.
Au résumé, on aurait pu craindre un copié-collé de Source Code mais il n'en est rien, le script est suffisamment fourni pour s'ancrer dans une vraie bonne SF.
Les personnages sont attachants, même s'il auraient pu avoir un peu plus de profondeur sur les seconds rôles, et on a envie de les accompagner jusqu'au bout de leur quête.

Allez-le voir ! et viendez me dire ce que vous, vous en avez pensé !
Moi, c'est tout à fait le genre de film avec lequel je passe un excellent moment !

Vendredi 30 mai 2014 à 16:04

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Auteur
 Herbert George WELLS


Chez Everyman :
Nombre de pages 137
Prix 4,99£  3,95US$ ou 9,95CAN$
ISBN 0-460-87258-3
       

Première édition 1993 pour cette édition, 1896 pour la première




Résumé
Seul survivant d'un naufrage, Edward Prendick est recueilli sur une île des mers du Sud par un personnage des plus singuliers : le docteur Moreau.
Il découvre avec terreur que l'île est peuplée de créatures monstrueuses, mi-hommes mi-bêtes, vivant sous la domination du docteur Moreau et de son assistant, l'inquiétant Montgomery.
Des créatures que de sombres événements vont pousser à la révolte...

Mon avis
Je continue dans la voie de la VO avec ce petit livre publié pour la première fois à une époque où le débat sur l'abolition de la vivisection faisait rage.

L'édition
Encore une fois, le hasard m'a conduit à ce livre. Je peux dire que je suis plutôt très satisfait de cette édition assez complète, car en plus du récit original, on trouve  des notes introductives, des chronologies (de l'auteur et de son époque mises en parallèle) et à la fin quelques critiques (genre manchettes de journaux) et un résumé chapitre par chapitre du livre.
C'est d'ailleurs une habitude chez cet éditeur, si j'ai bien tout compris.

Le récit
J'ai bien aimé ce petit livre. Certains passages sont un peu plus ardus à lire, car descriptifs, et il m'a fallu avoir recours au dico pour enrichir mon petit vocabulaire, mais rien de bien compliqué. Le passage le plus lourd se situe pour moi quand Moreau explique ses motivations qui plombe un peu le milieu du récit.
On y retrouve certains éléments assez classiques, WELLS pose les bases de ce qu'on appelera plus tard le techno-thriller, même si là les manipulations sont plus extravangantes que pûrement scinetifiques, on retrouve un petit goût de Jurassic Park à cette île du docteur Moreau.
Il y a aussi un côté "survival" pas déplaisant.
Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve ces ingrédients classiques de la SF, mais pas forcément dans l'ordre attendu, cet ordre plus ou moins imposé par les standards des films américains (à savoir : découverte, accident, survie), WELLS allant même les mélanger, ce qui est assez rafraîchissant (dire que ce récit a plus d'un siècle ! il y a des leçons à en tirer !)

WELLS a aussi la bonne idée d'aménager son suspense, de ne pas avoir un personnage principal acteur-témoin (il est tout à la fois héros et anti-héros, selon ce qu'il a à affronter) tout du long, et de laisser des évènements se dérouler en arrière-plan. C'est bien fait, fluide et pas frustrant pour autant.

A l'époque où le livre est sorti, l'Angleterre subissait un débat assez houleux quant à l'expérimentation et la vivisection. Les visions assez horribles d'êtres mi-humains mi-bêtes ont dû faire forte impression (certains critiques se disant scandalisés par tant d'atrocités) et bien sûr WELLS répond à sa façon sur les dérives de l'acharnement scientifique à vouloir parfois défier la nature et à trouver des réponses avec des méthodes qui en disent plus sur le comportement de l'homme que sur le fonctionnement animal. 
Le début, très travaillé, évoque la part de bestialité (et forcément l'échec annoncé des expériences de Moreau) sujet qui est développé dans tout le livre.

Il y a aussi ce rapport au "père", à l'autorité avec cette Loi qui revient sans cesse... de nombreux axes de réflexions (que je ne développerai pas ici, car ce n'est pas le sujet) peuvent partir de cette simple Loi qui est à la fois pleine de bon sens (pour permettre le "vivre avec") et à la fois totalement contre-nature et incompréhensible par les animaux.

Mais ce qui est particulièrement intéressant, je trouve, c'est la façon dont il aborde notre rapport à l'autre, l'évolution de notre jugement et de notre rapport face à ce qui nous parait de prime abord étrange, voire repoussant. Ainsi la fin, particulièrement aboutie pour un récit aussi court, exprime clairement le trouble dans lequel se trouve le héros, et pour autant qu'elle soit dérangeante, elle interroge sur la possibilité et sur la difficulté à accepter l'"autre" et à trouver sa place dans une société qu'on a réévaluée.

Pour aller plus loin
Des adaptations de l'île du docteur Moreau, je n'ai vu que la dernière, avec Brando et Kilmer. Le résultat est assez décevant. La mise en scène est hasardeuse, le scénario sonne comme un produit de commande à haute teneur commerciale.
C'est bizarre comme un livre qui, en plus d'offrir une vraie réflexion, impacte fortement le lecteur grâce à des éléments très cinématographiques (j'allais écrire cynégétiques XD ce qui n'est pas faux non plus, la scène de la traque en témoigne !) totalement écartés de cette production de série, au profit d'effets bling-bling. La traque de Prendick par Moreau à travers l'île, la scène du tribunal, la saoulerie nocturne de Montgomery et tout ce qui en découle, la rencontre avec le diseur de la Loi, tout cela aurait fait de superbes scènes de cinéma... Je n'ai pas l'impression qu'il faille tant adapter ce récit. Il est suffisamment moderne, malgré son âge, pour ne pas avoir à subire trop de changements.

Si je vois les deux précédents films, ce qui est fort probable, je viendrai ajouter un petit edit sur cet article.

Pour ce que j'en sais, une prochaine version pourrait voir le jour, avec un projet plus "écolo" (aïe, ça fait peur) chapeauté par Di Caprio...

Mercredi 28 mai 2014 à 19:22

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