Auteur Lily FRANKY
Titre original Tokyo tower - Okan to buko to, tokidoki, Oton
Chez Philippe Picquier :
Nombre de pages 416
Prix 21€
ISBN 978-2-8097-0165-4
Première édition Mars 2010
Traduction Patrick Honnoré
Résumé
Par une star de la scène rock et pop japonaise indépendante, un hommage à sa mère et récit de ses années d'enfance puis d'errance et de galère à Tôkyô.
Un père looser indécrottable et yakuza à ses heures, une mère forte et généreuse qui voue son existence à son fils. Et, pivot symbolique et ombilic du monde, la Tour de Tôkyô, qui attire les jeunes provinciaux et leur brûle les ailes.
Porté par une langue orale inventive et imagée, mais aussi très maîtrisée, qui transforme progressivement ce récit de la découverte de la ville et de soi en leçon de vie, ce livre est aussi l'emblème de toute une génération. Celle qui, née dans les années 1960, fut trop jeune pour avoir participé aux mouvements contestataires, mais ne s'est jamais reconnue dans l'idéologie du"miracle" japonais.
Une génération sans complexes qui refuse de rentrer dans le rang et invente sa propre modernité.
Mon avis
Je ne sais pas à quoi je m'attendais en ouvrant ce livre, mais pas à ça.
La phrase d'accroche du résumé est trompeuse, on croit qu'on va avoir un portrait d'homme joyeusement rock'n roll et puis en fait, pas du tout.
Lily FRANKY, de son vrai nom NAKAGAWA Masaya n'est pas sur le devant de la scène comme on pourrait de prime abord l'imaginer, mais est illustrateur, musicien, critique, auteur d'albums jeunesse... un touche-à-tout plus qu'un star de la J-Pop. Ce livre est son histoire et aussi et surtout un hommage à sa mère.
Ce livre, on peut le diviser en trois grandes parties : sa vie d'enfant, sa vie d'errance et sa vie d'adulte. Tout sa vie s'articule autour de sa mère, qu'elle soit présente ou au loin, mais les trois parties ne lorgnent pas toujours vers le même intérêt.
- L'enfance de Ma-kun : Le futur Lily FRANKY est un petit gars parmi tant d'autres, ni mieux ni pire, qui grandit dans une cité industrielle avec sa mère. Il ne voit son père qu'occasionnellement et n'entretient guère de liens affectifs avec la figure paternelle qui semble n'exister que pour lui-même et n'a aucune idée de la façon d'agir avec son rejeton.
Cette première partie est surtout l'occasion de découvrir un arrière plan méconnu du Japon en pleine révolution économique, les coutumes et les petits gestes du quotidien. Avec des phrases brèves, de façon simple, il introduit la relation privilégiée qu'il a avec sa mère très attentionnée et dépeint avec minutie tout ce décor historique, avec un regard partagé entre sa vision d'adulte écrivain et ses souvenirs d'enfance.
- Son "adolescence" : FRANKY quitte le nid et tente de faire ses preuves dans les études. Autant dire qu'il échoue lamentablement et qu'on a envie de lui donner des coups de pieds au cul. Même si ça ne sert pas à grand-chose. Livré à lui-même, il est encore une fois l'exemple type de celui qui n'arrive pas à trouver ses marques dans la société japonaise (on à l'impression que c'est propre à la culture japonaise, parce qu'il y a une sorte de carcan hyper rigide dans l'archipel nippon pour faire sa place, mais c'est tout pareil dans le reste du monde. En tout cas, je me reconnais pas mal en lui.) Il ment pour avoir un minimum vital, qu'il s'empresse de claquer dans l'alcool, n'a pas de boulot, navigue d'un taudis à l'autre au gré des poursuites de ses créanciers. Sur ce passage, FRANKY n'est pas très sympathique, on a du mal à s'attacher à lui.
- Sa vie d'adulte : Depuis le début, on suit le parcours de Lily FRANKY. A partir du moment où sa situation commence à se stabiliser, sa vie passe totalement à l'arrière plan et nous n'en saurons guère plus sur son cursus, sur la façon dont il commence à être reconnu. A la place, sa mère revient sur le devant de la scène, et on se rend compte alors qu'à travers lui, FRANKY parlait de sa mère depuis le début. Il y a beaucoup de pudeur et de retenue dans cette dernière partie, aussi éprouvante soit-elle on sent la chaleur et l'amour qui la sous-tend, même s'il n'est pas toujours facile de dire ses sentiments. Et forcément, comme Lily FRANKY, on trouve cette femme épatante.
La tour de Tokyo est un livre que j'ai beaucoup apprécié, surtout la première et dernière partie. L'écriture est très agréable (j'aime un peu moins certains passages, moins évocateurs, où FRANKY laisse dériver sa plume pour coucher des sortes d'impressions, mais ils ne sont pas légions) Du coup je retiens le beau portrait de femme et l'intérêt historique et social du livre, et rien que pour ça, il mérite d'être lu !
J'ai lu ce livre dans le cadre du Challenge des 5 continents. Et voilà, j'ai fait un sort à l'Asie de belle façon !