Auteur Frédéric BEIGDEBER
Nombre de pages 298
Prix dans le livre, c'est dit 6€, mais en fait c'est 7,50€
ISBN 978-2-07-031573-5
Première édition 10 juin 2004
Résumé
En ce temps-là, on mettait des photographies géantes de produits sur les murs, les arrêts d'autobus, les maisons, le sol, les taxis, les camions, la façade des immeubles en cours de ravalement, les meubles, les ascenseurs, les distributeurs de billets, dans toutes les rues et même à la campagne.
La vie était envahie par des soutiens-gorge, des surgelés, des shampoings antipelliculaires et des rasoirs triple-lame. L'?il humain n'avait jamais été autant sollicité de toute son histoire : on avait calculé qu'entre sa naissance et l'âge de 18 ans, toute personne était exposée en moyenne à 350 000 publicités. Même à l'orée des forêts, au bout des petits villages, en bas des vallées isolées et au sommet des montagnes blanches, sur les cabines de téléphérique, on devait affronter des logos "Castorama", "Bricodécor", "Champion Midas" et "La Halle aux Vêtements".
Il avait fallu deux mille ans pour en arriver là.
Mon avis
Premier contact avec l'auteur, mais second contact avec l'histoire puisque j'ai vu le film il y a peu à la télé, et je l'ai beaucoup, beaucoup aimé, tant sur la façon de filmer que sur le propos.
Donc vite, je le pique à la biblio. Et là, merveille, je retrouve le même style insolent. Il y en a qui trouve ça trash. Malheureusement, ça ne l'est pas du tout. C'est cash, mais pas trash, juste parce que ça ressemble furieusement (j'aime bien dire furieusement :D) à la réalité et je sais de quoi je parle, j'ai moi aussi travaillé pour Madone, comme Octave, le personnage principal pour une campagne sur internet, et j'ai vu ce que ça donnait (bon, j'ai pas eu le droit à la dope ni aux filles, là je suis jaloux, mais faut pas se faire d'illusions), et j'ai eu ce genre de réunions interminables pour du prêt-à-porter qui conduisent nulle part car au final on change au dernier moment d'idée, on rogne soudain sur les budgets pour faire un film qui sera pourtant le fer de lance de la marque à l'international, et on dépense ailleurs, on a des goûts de luxe.
Alors bien sûr, il y a une certaine forme d'hypocrisie, BEIGBEDER crache un peu dans la soupe, mais et alors ? qui est mieux placé pour cracher dans la soupe que celui qui l'a goûté et qui la boit encore de temps en temps ? Un journaleux qui a bien étudié le sujet ou un mec qui a vécu ça de l'intérieur ?
Et puis si BEIGBEDER force un peu le trait, ses personnages prennent de la profondeur, ils ne se trahissent, juste parce qu'ils sont terriblement timbrés, narcissiques et malheureux. Et ça, c'est rare d'avoir des personnages comme ça.
En plus, si l'histoire du livre est relativement simple, la trame est très bien construite, les allers-retours nombreux, les personnages annexes sont eux aussi bien présents, jusqu'à occuper parfois le premier plan dans les délires d'Octave.
Alors ok, il y a quelques petites longueurs. Des moments où le récit perd de sa nervosité, surtout dans les phases d'introspection. Et pourtant, en écartant le côté un peu sirupeux, un peu langoureux, on se rend compte que la critique ne cesse pas, mais que le regard se teinte d'une certaine amertume, de fatalisme ou appelez ça comme vous voudrez.
Vraiment, 99francs, c'est une très très bonne découverte, autant pour le film de Kounen que pour le livre. Et du coup, je me demande : Mais pourquoi ne les ai-je pas découvert plus tôt ? Peut-être que plus tôt, ça aurait été trop tôt, j'aurais pas raccroché ça à ma propre expérience...