Auteur Alain DAMASIO
Chez Folio SF :
Nombre de pages 736
Prix 10,50€
ISBN 978-2-07-034226-6
Première édition 15 mars 2007
Résumé
Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.
Mon avis
Difficile de trancher, avec ce roman.
Un peu comme s'il faisait le grand écart.
Première chose : j'ai eu énormément de mal à entrer dedans, et d'ailleurs, je ne crois pas être vraiment rentré dedans tout du long des 700 pages. 23 personnages, ça fait beaucoup, et si le plus grand nombre est très bien travaillé, il est bien difficile de s'identifier, tant on passe de l'un à l'autre. On comprend vite que Sov est le pivot du groupe, mais bizarrement, c'est le plus lisse : il agit comme un miroir, préférant nous renvoyer le reflet des autres plutôt que ses propres émotions (principe aussi vrai pour les autres d'ailleurs)
Seconde chose : la construction extrêmement linéaire du récit, comme celle d'un conte (d'ailleurs, c'est un conte initiatique, même si j'ai rangé ça parmi la SF qui ne sert pourtant que de décor, d'atmosphère), empêche la notion même de suspense. Bien sûr, il y a des sortes de flashback, via les pensées des personnages qui se souviennent de leur enfance, de moment de rencontre, de la progression de l'équipe. Mais de fait, jusqu'à ce qu'ils arrivent à Norska, les chapitres pourraient quasiment être interchangeables, on pourrait traverser le lac en premier, se taper le furvent ensuite, etc... Je pensais un moment qu'une sous-trame allait apparaître, comme un fil de tension, avec l'apparition de la Poursuite, ça donne lieu à un affrontement, puis c'est aussitôt oublié, on en retrouve quelques éléments plus loin, mais rien qui ne prenne en tenaille.
Il y a même une forme de répétition entre le passage du défilé d'Urle et celui de Norska, qui est un peu dommage.
Histoire d'aérer (c'est le cas de le dire !) son récit qui s'étale sur des mois et des mois, l'auteur a posé certains ellipses brutales, parfois frustrantes, et ça aussi c'est dommage, d'autant qu'il est obligé d'y revenir par la suite de façon parfois un peu artificielle.
De plus, j'ai trouvé la fin très prévisible.
Troisième chose : dernier élément, et non des moindres : le style. DAMASIO maîtrise la langue française, il s'en joue, il en joue, ce qui donne à certains passages un lyrisme exacerbé, notamment lors de certaines scènes d'action, ou la fabuleuse joute verbale. C'est plein de trouvailles, de néologismes, de jeux de mots. Et puis il y a toujours ce magnifique combat des humains face au vent, toujours très bien décrit, avec un vocabulaire incroyablement riche, qui transforme le moindre souffle en personnage à part entière.
Sauf qu'à force, c'est trop. Et cela devient particulièrement pesant avec des personnages comme Caracole, ou quand DAMASIO, via ses personnages, tente de faire passer des concepts, qu'ils soient propres à son univers ou propice à une réflexion pseudo-philosophique.
Tout cela fait un livre à la fois touffu et confus, qui aurait pu être passionnant mais qui se contrelit comme les personnages vont contre le vent, avec des moments d'accalmie et d'autres où j'ai dû lutter pour avancer.
Parfois, tout ce qui m'a retenu, c'était la volonté de savoir le fin mot de l'histoire, et comme ça a ressemblé très fort à ce que j'imaginais depuis quasiment le début, j'ai été déçu.
Un petit mot pour finir : un film d'animation est en cours de production. Il est réalisé par Jan Kounen et devrais sortir dans le courant de l'année. Vous pourrez voir quelques images de production sur le site internet du studio FORGE ANIMATION
Autant le livre, si je ne l'ai pas détesté, ne m'a pas emballé plus que ça, autant je me demande comment Kounen va le traiter, et j'irai sûrement le voir.
EDIT : il parait que je suis un peu trop sévère avec ce livre. Alors attention, je ne dis pas que c'est un mauvais livre. Il y a même d'excellentes choses dedans. Dans cet article, je pointe surtout les défauts les plus flagrants qui m'ont posé souci, qui m'ont empêché de savourer ce roman plein de potentiel. Je ne remets pas en cause son originalité, mais ses indéniables et profondes qualités n'occultent pas ses faiblesses, et cela m'empêche d'être à la fois objectif et complaisant.
Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.
Mon avis
Difficile de trancher, avec ce roman.
Un peu comme s'il faisait le grand écart.
Première chose : j'ai eu énormément de mal à entrer dedans, et d'ailleurs, je ne crois pas être vraiment rentré dedans tout du long des 700 pages. 23 personnages, ça fait beaucoup, et si le plus grand nombre est très bien travaillé, il est bien difficile de s'identifier, tant on passe de l'un à l'autre. On comprend vite que Sov est le pivot du groupe, mais bizarrement, c'est le plus lisse : il agit comme un miroir, préférant nous renvoyer le reflet des autres plutôt que ses propres émotions (principe aussi vrai pour les autres d'ailleurs)
Seconde chose : la construction extrêmement linéaire du récit, comme celle d'un conte (d'ailleurs, c'est un conte initiatique, même si j'ai rangé ça parmi la SF qui ne sert pourtant que de décor, d'atmosphère), empêche la notion même de suspense. Bien sûr, il y a des sortes de flashback, via les pensées des personnages qui se souviennent de leur enfance, de moment de rencontre, de la progression de l'équipe. Mais de fait, jusqu'à ce qu'ils arrivent à Norska, les chapitres pourraient quasiment être interchangeables, on pourrait traverser le lac en premier, se taper le furvent ensuite, etc... Je pensais un moment qu'une sous-trame allait apparaître, comme un fil de tension, avec l'apparition de la Poursuite, ça donne lieu à un affrontement, puis c'est aussitôt oublié, on en retrouve quelques éléments plus loin, mais rien qui ne prenne en tenaille.
Il y a même une forme de répétition entre le passage du défilé d'Urle et celui de Norska, qui est un peu dommage.
Histoire d'aérer (c'est le cas de le dire !) son récit qui s'étale sur des mois et des mois, l'auteur a posé certains ellipses brutales, parfois frustrantes, et ça aussi c'est dommage, d'autant qu'il est obligé d'y revenir par la suite de façon parfois un peu artificielle.
De plus, j'ai trouvé la fin très prévisible.
Troisième chose : dernier élément, et non des moindres : le style. DAMASIO maîtrise la langue française, il s'en joue, il en joue, ce qui donne à certains passages un lyrisme exacerbé, notamment lors de certaines scènes d'action, ou la fabuleuse joute verbale. C'est plein de trouvailles, de néologismes, de jeux de mots. Et puis il y a toujours ce magnifique combat des humains face au vent, toujours très bien décrit, avec un vocabulaire incroyablement riche, qui transforme le moindre souffle en personnage à part entière.
Sauf qu'à force, c'est trop. Et cela devient particulièrement pesant avec des personnages comme Caracole, ou quand DAMASIO, via ses personnages, tente de faire passer des concepts, qu'ils soient propres à son univers ou propice à une réflexion pseudo-philosophique.
Tout cela fait un livre à la fois touffu et confus, qui aurait pu être passionnant mais qui se contrelit comme les personnages vont contre le vent, avec des moments d'accalmie et d'autres où j'ai dû lutter pour avancer.
Parfois, tout ce qui m'a retenu, c'était la volonté de savoir le fin mot de l'histoire, et comme ça a ressemblé très fort à ce que j'imaginais depuis quasiment le début, j'ai été déçu.
Un petit mot pour finir : un film d'animation est en cours de production. Il est réalisé par Jan Kounen et devrais sortir dans le courant de l'année. Vous pourrez voir quelques images de production sur le site internet du studio FORGE ANIMATION
Autant le livre, si je ne l'ai pas détesté, ne m'a pas emballé plus que ça, autant je me demande comment Kounen va le traiter, et j'irai sûrement le voir.
EDIT : il parait que je suis un peu trop sévère avec ce livre. Alors attention, je ne dis pas que c'est un mauvais livre. Il y a même d'excellentes choses dedans. Dans cet article, je pointe surtout les défauts les plus flagrants qui m'ont posé souci, qui m'ont empêché de savourer ce roman plein de potentiel. Je ne remets pas en cause son originalité, mais ses indéniables et profondes qualités n'occultent pas ses faiblesses, et cela m'empêche d'être à la fois objectif et complaisant.
Tiens je n'étais pas au courant pour le film d'animation. Je vais y jeter un oeil, j'ai hâte de voir ce que ça donne.