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Auteur Nancy HUSTON


Chez Actes Sud :
Nombre de pages 351
Prix 21€
ISBN 978-2-330-02265-5
       

Première édition Août 2013




Résumé 
Sur un lit d'hôpital, Milo s'éteint lentement.
A son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d'un ultime projet commun : un film qu'ils écriraient ensemble à partir de l'incroyable parcours de Milo.
Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d'abord effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui, traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission et le rêve de recommencement.
Du début du XXe siècle à nos jours, de l'Irlande au Canada, de la chambre sordide d'une prostituée indienne aux rythmes lancinants de la capoeira brésilienne, d'un hôpital catholique québecois aux soirées prestigieuses de New York, cette histoire d'amour et de renoncement est habitée d'un bout à l'autre par le bruissement des langues et l'engagement des coeurs.

Pour commencer
J'ai reçu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par le site Price Minister (Vous pouvez cliquer sans crainte sur ce lien qui conduit au blog et pas au site marchand. Vous pourrez ainsi découvrir les autres titres en compétition)
Un grand merci donc à Price Minister. Je ne sais combien il y a de participants, mais ça doit faire un sacré nombre de livres à expédier !
Un grand merci aussi aux Editions Actes Sud.
EDIT : J'ai eu les chiffres. Olivier, notre gentil interlocuteur chez Price Minister m'a donné le nombre impressionnant de 1000 participants !
Enfin, merci à Kyra, sans qui je serai passé à côté de cet événement.

Mon avis
Le livre
A vrai dire, ça n'a pas été une évidence, le choix du titre. Parce que, dans l'ensemble, ce n'est pas le genre de lectures qui m'attire. Il y avait deux autres titres susceptibles de m'intéresser, en plus, Dans la lumière, de Barbara KINGSOLVER, et Lady Hunt de Hélène FRAPPAT. Ces deux titres semblaient plein de mystères, et j'aurais naturellement opté pour l'un de ceux-ci.
Mais le résumé de Danse noire évoquait le cinéma et une sorte de reconstitution historique à travers la fiction.
Au final, c'est bête à dire, mais ce qui a vraiment fait la différence, c'est la couverture. Des gros plans pour les autres, une vue ouverte, étrange et un brin poétique pour Danse noire, qui m'a fascinée.

Le roman
Difficile de se faire un avis, avec ce livre. Il ne suffit pas de l'analyser en surface. Le style peut paraître rugueux (Masculin, pour ainsi dire), des passages entiers en anglais, de nombreux personnages, des époques différentes...
Personnellement, à part pour les poèmes, je n'ai eu aucun souci avec l'anglais. Mais la traduction (faite par l'auteur) vaut aussi le détour, avec l'accent de Québec.

C'est un récit qu'il faut apprivoiser. Nancy HUSTON a une plume incroyable, forte, énergique. En quelques mots, elle capte l'essentiel d'une situation et pose ses phrases aiguisées pour nous la restituer. Elle aborde des sujets durs sans détourner le regard, drogue, sexe, guerre, etc... et si ses propos sont crus, elle ne franchit jamais la frontière qui la ferait sombrer dans la vulgarité.

La trame se divise en trois histoires complémentaires : Milo, sa mère, son grand-père.
Aucune n'est particulièrement gaie, il faut bien l'avouer. On louvoie entre l'espoir toujours déçu et les abîmes de ténèbres, entre les mauvaises décisions de la vie et les solutions de survie.
Deux choses particulièrement passionnantes se dégagent :
- La grande richesse des personnages. Ils ont tant à raconter, tant de raisons de mentir, de se replier sur eux-mêmes ou d'espérer. Ce sont les vies du grand-père et de la mère qui ont façonné celle de Milo. HUSTON a un vrai talent pour décrire ces trois existences, les renvoyer l'une à l'autre en dépit des époques différentes, des mensonges et des absences. Ainsi se tisse petit à petit la toile d'araignée de cette famille de déracinés.
- L'interaction entre les personnages et leur époque. Certains d'entre eux tentent d'entrer dans l'histoire, la plupart la subit, mais on ne perd jamais de vue l'interconnexion historique, géographique.
Le grand-père reste marqué à jamais par la guerre d'indépendance irlandaise et les premiers balbutiements de l'IRA avant son exil. La mère a abandonné ses racines indiennes et essaie de survivre dans la société canadienne, soumise à l'exploitation et tombant dans les pièges que lui tendent la société et ses désillusions. Milo est trimbalé de foyer en foyer, comme une feuille dans le vent, et subit les humeurs et la jalousie de ses proches avec plus ou moins de bonheur.
A chaque chapitre, c'est donc un instantané d'un peuple, d'une époque, que livre HUSTON, et les images qui viennent sont particulièrement fortes.

Certains reprochent que la froideur de style empêche l'empathie avec les protagonistes. C'est vrai qu'il y a un certain recul, un manque d'émotion. Mais les faits racontés sont assez sombres pour se suffire à eux-mêmes, sans avoir besoin d'en rajouter et de convier les violons, et cela correspond aussi bien au caractère de Milo.
Ce côté froid vient en partie aussi du réalisateur, qui intervient avec ses fondus et ses indications de mise en scène, mais j'ai trouvées ses interventions plutôt bienvenues : il y a beaucoup d'ellipses et comme elles sont indiquées, on n'est jamais perdu.


Restent quelques petites choses...
A part pour le grand-père, aucune histoire n'est finalement complète. De la vie de la mère, nous n'avons qu'un échantillon, et pour Milo, il faudra boucher nous-mêmes le trou entourant sa fin. Je me demandais si les trois récits allaient converger vers une sorte d'apothéose et puis non.
Et puis j'ai beaucoup de mal à croire finalement à cette histoire de film. En l'état, les trois histoires entremêlées développent des thèmes communs, mais explorer ainsi le fil de trois vies me parait bancal. Et puis je ne suis pas sûr que finalement, ce film aille quelque part. J'y vois surtout un prétexte.

Enfin, de petites erreurs ? ou c'est moi qui ai mal compris...
Page 27 : AWINITA, MARS 1951... et dix lignes plus bas, on lit : journée de Décembre...
Page 293 : C'est peut-être un clin d'oeil, mais normalement, y compris dans un hôtel huppé, on ne mange pas d'oeufs à la coque avec des petites cuillères en argent. Le soufre de l'oeuf et l'argent réagissent ensemble. La cuillère s'oxyde et le goût de l'oeuf est fortement altéré...



En dépit de ces quelques détails, parce que j'ai vraiment été impressionné par la force qui se dégage du récit, pour la qualité des reconstitutions, des atmosphères, des personnages, et aussi parce que je suis bien obligé de le faire (ça fait partie du contrat avec Price Minister) je vais mettre la note de 17 au livre de Nancy HUSTON, en lui souhaitant le meilleur résultat possible au concours.

Jeudi 7 novembre 2013 à 12:28

Les Blablas

Pose ton Blabla

Par maud96 le Jeudi 7 novembre 2013 à 18:16
Un c.r. de lecture qui m'a intéressé (1° parce que c'est toi - 2° parce que ça parle du Canada et donc forcément...). J'ai bien aimé le "ton" de ton article : sincère, dépouillé et donnant une bonne idée de la trame du livre. D' Nancy Huston, qui vit en France malgré sa naissance canadienne, je n'ai lu que "L'empreinte de l'ange". Elle publie toujours en français et en anglais ses romans. Ton article donne envie de lire ce nouveau livre d'elle.
Par Kyra le Jeudi 7 novembre 2013 à 19:59
:) De rien, ça m'a fait plaisir.
Et je vois pas l'erreur page 293 :/
Par coldtroll le Jeudi 7 novembre 2013 à 20:30
C'est juste qu'elle fait manger des oeufs à la coque à Milo et à Paul avec des petites cuillers en argent, à l'hôtel. Ce qui est assez étonnant. L'hôtel aurait dû préférer le plastique, l'inox, la corne, comme petites cuillères...
Par coldtroll le Jeudi 7 novembre 2013 à 20:34
Merci ma chevrette ^^ ça me fait bien plaisir, tous ces compliments !
Je ne connaissais pas Nancy Huston avant. Ce livre-là n'est pas un livre facile, mais pour autant, il est passionnant.
Par Viv le Lundi 18 novembre 2013 à 0:12
Bonjour !
J'ai aussi lu ce livre dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire 2013 Price Minister-Rakuten. C'est très amusant de lire une autre critique après avoir fini d'écrire <a href="http://auxecrires.wordpress.com/2013/11/18/danse-noire-un-livre-film-bilingue-et-sous-titre/">la mienne</a> !
Bravo pour avoir repéré l'incohérence au niveau des dates p. 27 !
Pour moi ça a été un 18/20. C'est vrai que l'entrée dans l'ouvrage n'est pas évidente. Mais je pense aussi que ça vaut la peine de s'accrocher car, passé le début, le plaisir de lecture est immense. :-)
Par coldtroll le Lundi 18 novembre 2013 à 18:47
Je réponds ici, parce qu'impossible de commenter ton blog : oui, entrer dans le livre n'est pas facile
j'ai surtout un un souci sur le second chapitre consacré à Milo : on avait laissé Milo trouvant un enfant, et on retrouve un enfant sur ce nouveau chapitre, sauf qu'il s'agit de Milo lui-même, il m'a fallu un moment pour raccrocher les wagons. C'est pas un auteur facile à lire, et pourtant ses descriptions sont claires, ses actions bien décrites ; ça vient plus d'une âpreté du style, mais qui est superbement maîtrisé, j'ai trouvé.
Par Viv le Mardi 19 novembre 2013 à 0:17
Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu particulièrement du mal à me repérer au moment que tu évoques. J'ai eu du mal surtout pour démarrer la lecture : les premières pages ne m'ont pas tellement plu. Mais c'est vrai qu'il fallait s'accrocher pour suivre entre les différents personnages, les différents lieux et les allers-retours dans le temps... Ce n'est pas pour rien qu'il y a un arbre généalogique au tout début du bouquin et des dates qui situent dans le temps chaque chapitre. Tu as raison, le premier chapitre dit "Milo 2010/1990" et on le retrouve juste après sa naissance, en 1952. Mais il n'y a pas que cette confusion là de possible côté bébés... Nancy s'est peut-être amusée à faire exprès, remarque.
Ce livre est peut-être moins "rond" que Lignes de faille (que j'avais adoré aussi). Mais il est tellement original !
Curieusement, je n'ai pas ressenti la froideur dont tu parles, même si je vois bien ce que tu veux dire.
La seule question que je me pose maintenant c'est par rapport à la langue. Car le narrateur est un argentin qui habite aux Etats-Unis. Pourquoi s'exprime-t-il en français et non pas en anglais... ?
Par coldtroll le Mardi 19 novembre 2013 à 12:26
halala, comment tu commences à tout compliquer ! :D
c'est vrai, mais on serait arrivé à un livre en anglais avec quelques passages en français, sinon.
Je pense que pour le narrateur, le point de vue est strictement arbitraire, tout comme il l'est en irlande où les protagonistes parlent eux aussi français.
Il n'y a qu'au canada je crois où les deux langues cohabitent que Nancy Huston a dû trouver nécessaire de marquer le coup, afin qu'on sente mieux la frontière entre les francophones et les anglophones.
enfin c'est mon hypothèse.
Par Viv le Mercredi 20 novembre 2013 à 1:04
Ouf, ça va beaucoup mieux, merci ! J'adhère à 100 % à ton hypothèse :-)
 

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