Entre-les-pages
Auteur Orson Scott CARD
Titre original Ender's game
Chez J'AI LU :
Nombre de pages 380
Prix 6,90€
ISBN 978-2-290-07182-3
Première édition Septembre 2013
Traduction Sébastien GUILLOT
Résumé
Andrew Wiggin, dit Ender, n'est pas un garçon comme les autres. Il a été conçut dans l'unique but d'en faire le plus grand général de tous les temps, le seul capable de sauver l'humanité de la prochaine invasion extraterrestre. Et alors qu'il suit pas à pas le dur chemin de son apprentissage, ses créateurs mesurent la gravité de leur choix : en donnant naissance à un monstre, n'ont-ils pas damné l'humanité elle-même ?
Pour commencer
J'ai reçu un nouveau partenariat, toujours grâce à Kyra, qui m'a permis de contacter directement les éditions J'AI LU.
Du coup, un grand merci à elle, ainsi que Quentin M des éditions J'AI LU qui a accédé à ma demande au-delà de mes espérances en m'envoyant non seulement ce livre, mais aussi le premier livre d'une autre série du même auteur : Pisteur, que j'ai déjà commencé
Mon avis
Bon...
C'est un peu difficile parce que je ne sais pas trop par où commencer...
Déjà, un truc périphérique, qui n'est ni dû à l'auteur, ni à l'éditeur, ni même à votre serviteur.
Me renseignant sur le film qui est actuellement sur les écrans, je suis tombé sur un site dont j'ai oublié les références qui, dans le résumé, racontait la fin de l'histoire. Autant je me fiche pas mal de voir le film ou de lire le livre en premier, personnellement, autant je déteste qu'on me gâche mon plaisir de découvrir une histoire.
Ce truc m'a un peu foiré ma lecture.
Bref. Revenons à nos moutons.
Je ne savais pas à quoi m'attendre en lisant ce livre, mais pas vraiment ça. Je voyais un truc peut-être plus "space-opera" alors qu'en fait, le récit est tourné en grande partie vers la longue formation du jeune Andrew/Ender. Bon, je savais qu'il y avait cette formation, mais 1/ je ne l'imaginais pas se dérouler de cette façon et 2/ j'avais plus en tête un truc du genre les 12 salopards, on en chie la première moitié avec un instructeur et on en chie à la guerre sur la seconde partie. Je pense que cet écart provient encore une fois du cinéma, le FA visant autre chose que le résumé du livre.
Or, la stratégie Ender n'est absolument pas articulée de cette façon.
En effet, la structure du récit ressemble bien plus à une courte nouvelle à chute qu'à un roman initiatique. Il faut bien avouer que ça a un côté un peu frustrant, car justement on attend que ça parte dans l'aventure, et, en même temps, ça génère un page-turner assez fort. Il n'empêche, on se rend compte à la fin que la structure du récit n'est dû en rien à un hasard. En parlant de la fin, d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé qu'elle ait été ainsi travaillée.
J'ai bien aimé le traitement des personnages. Ender apparait d'emblée comme un surdoué quelque peu monstrueux, mais j'ai ressenti cette monstruosité moins dans ses actes et ses capacités de raisonnement (qui sont assez prodigieuses au regard de son âge) que dans sa façon de s'exprimer. A ses mots, on sent tout de suite qu'à 6 ans, ce n'est déjà plus un enfant. Le décalage est même un peu gênant au début et puis on s'y fait très vite, cela fait partie intégrante du personnage (et de ses semblables).
J'avoue que j'ai hésité sur la catégorie dans laquelle ranger ce livre. SF ou jeunesse ? De la SF, on en mange à toutes les pages, et le style de l'auteur pour ce livre est tourné vers les adultes. En même temps, chaque élément est décortiqué pour bien nous faire saisir les tenants et aboutissants, et j'ai eu un peu l'impression d'être pris pour un enfant, tellement on est guidé. Et j'ai commencé Pisteur, et cette impression de décalage est encore présente, ce qui m'a un peu dérangé. Heureusement, l'auteur évite soigneusement l'écueil des répétitions, souvent présentes dans les récits pour enfants afin de bien enfoncer le clou.
De même, j'ai beaucoup aimé l'univers décrit (J'ai l'impression que ma représentation ne va pas du tout correspondre au film, c'est marrant, les décors et les costumes que je voyais étaient très connotés années 70), les protagonistes s'appuient sur un décor tangible, mais...
Mais j'ai trouvé certaines descriptions, et certaines actions un peu brouillonnes, confuses, surtout dans les salles équipées anti-G. d'ailleurs, en dépit du souci du réalisme de l'auteur, j'ai trouvé certaines choses peu réalistes dans un environnement sans gravité. Ou alors je n'ai pas tout compris.
En parlant de la compréhension, il y a une phrase (est-ce dû au traducteur ?), j'ai eu beau la retourner dans tous les sens, je ne suis pas arrivé à saisir sa construction, son sens, sa grammaire. Pour moi, en l'état, elle ne veut rien dire (je ne l'ai pas relevée, désolé).
Un avis en demies teintes, donc.
Si j'ai beaucoup aimé finalement l'histoire, inventive, l'univers assez sombre et désabusé dans lequel vit Ender, je n'arrive pas à m'enlever l'impression d'avoir eu le cul entre deux chaises pendant toute ma lecture.
Le film
Réalisé par Gavin HOOD, avec Asa BUTTERFIELD et Harrison FORD.
D'une façon générale, le film est assez proche de l'ambiance du livre.
Bon, bien sûr, j'ai été frustré de ne pas avoir mes décors façon seventies, mais bon. Le tout est assez bien réalisé, j'avais un peu peur pour les dernières phases d'entraînement.
Mais encore une fois, je vais faire mon rabat-joie. Pas besoin d'avoir lu le livre pour s'apercevoir qu'il y a eu de l'élagage. Autant il était nécessaire de retravailler l'histoire de base pour la transposer à l'écran, autant certains choix affaiblissent le film, qui fait 2h, mais qui aurait parfaitement tenu le coup sur un format bien plus long, de deux heures et demie au moins.
Car de l'apprentissage d'Ender, on retient surtout ses conflits avec les autres élèves, du coup il devient difficile de s'attacher au personnage. Son puissant intellect, ses capacités de déduction, d'interprétation, d'adaptation sont totalement oubliées, on ne voit pas en quoi il est tellement meilleur, tellement inventif, et c'est vraiment dommage.
Et certains autres choix précipitent des choses, comme si on faisait la course pour arriver au mot fin, tout le contraire du roman de CARD (chose que j'avais appréciée).
Et puis cette manie qu'ont les américains de préparer les coups de théâtre, si bien qu'on n'est vraiment plus très surpris quand se joue le dénouement.
Bref, encore une fois, on est le cul entre deux chaises : entre le film pour jeunes ados, et le pur film de SF. On n'atteint pas la noirceur voulue, du coup les moments d'espoir paraissent plus fades. C'est bien dommage.
Jeudi 14 novembre 2013 à 22:09
Il y avait un article... avant.
Suite à un bug de la plateforme, je l'ai perdu.
Il en reviendra un nouveau (forcément moins bien) dès que possible...
Samedi 21 septembre 2013 à 19:28
Auteur Justin CRONIN
Titre original The passage
Chez Pocket :
Nombre de pages 1267
Prix 11,80€
ISBN 978-2-266-21857-3
Première édition 2010
Traduction Dominique Haas
Résumé
Dans le Tennessee, Amy, une enfant abandonnée de six ans est recueillie dans un couvent... Dans la jungle bolivienne, l'armée américaine recherche les membres d'une expédition atteints d'un mystérieux virus... Au Texas, deux agents du FBI persuadent un condamné à mort de contribuer à une expérience scientifique gouvernementale.
100 ans plus tard, l'épidémie est totale, la civilisation réduite à néant. Les derniers représentants de l'humanité vivent en colonie, luttant chaque jour pour leur survie. Surgie de nulle part, une jeune fille vient à leur rencontre.
Mon avis
Quand j'ai vu ce pavé post-apo sur l'étal du libraire, je n'ai pas hésité longtemps avant de le prendre.
Le résumé (pas tout à fait celui que je donne ici) donnait envie d'en savoir plus, d'entrer dans ce monde un brin futuriste qui a viré au cauchemar afin d'avoir une relecture du mythe du vampire (oui, on pourrait croire qu'il s'agit de zombies, comme ça, mais dès le début il est clair que tout compte fait, ça sera des buveurs de sang dont il sera question)
De l'écriture, je dirais qu'elle est plutôt agréable, le style rarement ennuyeux en dépit du nombre de pages, me rappelant un peu certains des Stephen King les mieux maîtrisés. Il y a de très nombreux protagonistes, mais on ne s'y perd pas trop avec un minimum d'attention (un moment, je me suis néanmoins demandé qui était ce Carter dont on me parle depuis un moment avant de me rappeler soudain qu'il s'agit du condamné à mort du résumé, mais c'est entièrement ma faute), car les personnages sont assez typés, ont chacun leurs caractéristiques qui leur donnent de la substance sans pour autant, à quelques exceptions prêt, verser dans la caricature.
C'est parfois un peu confus, l'auteur n'aimant apparemment pas garder une ligne claire, il vient superposer plusieurs fois différents niveaux de flaskbacks, sans que ça n'apporte grand-chose, mais là encore on raccroche sans trop de dégâts les wagons.
Là où le bas blesse, à mon sens, est au niveau de l'histoire. Je n'ai pas trouvé ça inventif. Bon, ça, à la limite, je peux pardonner, le récit de genre, pour le renouveler, c'est la croix et la bannière.
Non, ce qui m'a gêné, d'une part, c'est l'impression de retrouver des passages piochés (disons très inspirés) dans d'autres histoires : des films de zombies, le fléau de KING, des séries TV post-apo comme Falling Skies, X-Files, etc...
Ajoutez à ça une impression désagréable de calibrage, comme si justement, c'était pensé pour une adaptation tv. Impression surtout présente dans le camp, avec des actions très "je t'aime - moi non plus" qui font semblant de faire avancer le schmilblick sans pour autant vraiment pousser à la roue de l'intrigue, avec les lots de révélations qui n'en sont pas vraiment pour conserver l'intérêt du lecteur - spectateur.
En plus, l'auteur est un petit malin, mais plusieurs incohérences viennent égayer le récit, parfois l'air de rien, parfois avec les gros sabots. La scène de Amy au zoo devient un gros n'importe quoi assez inexplicable, surtout à ce stade du récit (au début), et dans le camp certains s'angoissent pour les batteries (heureusement, ce sont des piles duracell), mais je me demande, moi, où ils ont bien pu trouver des ampoules qui durent si longtemps pour fonctionner encore après 100 ans de bons et loyaux services quotidiens (soit près de 337.000 heures, contre 25.000 heures environ pour une del à usage domestique (donc pas très puissante) en bonne santé).
Ceci et d'autres "petits" détails, comme le fait de trouver refuge dans un immeuble (le truc le plus stupide du roman, à mon avis)
Ou des choses comme "c'est la maison qui m'a sauvé" et le summum "dieu a guidé mes pas" (mais WTF ???) qui plombent la narration et me font dresser les cheveux sur la tête.
Ces choses, les grosses ficelles, les incohérences, la bonne pensée bien amerloque, et surtout, surtout, ce formatage très "série" m'ont rendu la lecture bien moins intéressante qu'elle n'aurait dû, au point que j'ai décroché plusieurs fois, et que j'ai abandonné le livre pour d'autres avant d'y revenir, pas tellement pressé de connaître le dénouement. En fait, j'ai été tellement désappointé que je ne pense même pas lire la suite. Il y a plein de trucs bien qui doivent attendre dans un coin de la bibliothèque ou de la libraire qui méritent autrement mon attention.
C'est pas que j'ai trouvé ça foncièrement mauvais. C'est comme la Horde du Contrevent : tant de potentiel pour au final pas grand-chose (et pourtant, contrairement à celui-ci, la Horde du Contrevent est un récit qui marque et dont je me souviendrai, que je peux même conseiller en dépit de ma critique plutôt acide).
Et puis c'est bête à dire, mais ça manque de peur.
Et de fun.
Samedi 31 août 2013 à 17:33
Auteur Stefan WUL
Chez CASTELMORE :
Nombre de pages 258
Prix 5,90€
ISBN 978-2-36231-081-2
Première édition mai 2013
Résumé
La Terre n'est plus qu'un vaste désert. Des monstres engendrés par d'antiques technologies radioactives hantent ce qu'il reste des océans - quelques lacs d'eau saumâtre, rien de plus. Dans ce monde âpre, un enfant noir, rejeté par tous les membres de sa tribu, se met en route vers Niourk, la ville mythique, peuplée de fantômes. Au bout de cette quête se trouve peut-être le moyen de redonner vie à notre Terre assassinée.
Pour commencer
J'ai reçu ce livre dans le cadre d'un partenariat (mon deuxième !!!)
Et c'est toujours autant de plaisir !
Un grand merci donc à l'équipe de LIVRADDICT pour m'avoir permi de découvrir ce roman et cet auteur, que je ne connaissais pas, même si j'aurais pu, car j'ai vu le film de René Laloux au cinéma, "La planète sauvage" (assez space, d'ailleurs, comme film)
et
Un grand merci aussi à l'éditeur CASTELMORE qui a eu le bon goût de m'envoyer le livre juste avant que je ne parte quelques jours.
Mon avis
- le livre
Pourquoi ai-je choisi ce livre ?
Déjà, ce livre était annoncé comme une réédition d'un classique français de SF. C'était difficile de passer à côté. A la fois SF et Jeunesse, c'était du tout bon pour moi !
Et puis la couverture. Franchement, vous avez vu la couverture ? Elle n'est pas trop classe ? Yann Tisseron signe peut-être la meilleure couv' de toutes les éditions de ce titre, et le grand truc là-haut sait combien il y en a eu. Non pas que toutes me déplaisent, il y en a de très bien, mais celle-ci est vraiment chouette. Une belle couverture comme ça, ça ne peut cacher qu'un bon titre. En plus, il y a un ours dessus, et moi, j'adore les ours ^^
- le récit
C'est marrant comme un titre peut en évoquer d'autres... Par certains aspects, Niourk m'a fait penser très fortement à Cartographie des nuages (dont vous trouverez aussi une chronique sur ce blog) du moins son chapitre central. Il y a aussi du BARJAVEL dans la poésie qui s'en dégage, "Terre mécanique" (idem), et jusqu'à "l'histoire sans fin", où l'on peut mettre en parallèle le destin des deux enfants. Et d'autres titres encore... ce ne seraient pas les références qui manquent, tant les thèmes abordés sont nombreux...
J'ai beaucoup aimé le style simple, direct de l'histoire. Essentiellement des faits, des actes, plus que de longs atermoiements "sentimentaux". Parce les hommes ont régressé, parce qu'ils ont perdu les clés de compréhension de leur monde, ils ont cessé de se poser des questions existentielles. Ils survivent, organisent leur survie au jour le jour, avec des craintes et des rites tout primitifs. L'auteur se met à leur niveau, entre dans leur monde sans hésiter, les chapitres sont très courts, et le premier, deux pages seulement, avec une police assez grosse, pose entièrement le décor du début de l'aventure.
Et puis, l'histoire évolue, prend par surprise, change de ton. On croit qu'on va suivre une sorte de quête. Mais NIOURK est de ces livres qui contredisent ceux qui affirment :"Peu importe le but, seul importe le voyage". Le voyage est important dans NIOURK, mais le but l'est tout autant. D'ailleurs, on atteint la destination dès le milieu du roman. L'intelligence de WUL est de savoir nous entraîner au-delà, dans une quête palpitante et, quelque part, effrayante.
Avec l'enfant, on est toujours à la découverte de quelque chose, rarement dans l'attente, toujours en mouvement. Il y a beaucoup de dynamisme.
J'avais un peu peur, après le résumé, d'avoir une vision manichéenne des personnages. Le petit enfant pur et innocent d'un côté, le chef de la tribu méchant. Il n'en est rien. WUL abandonne d'emblée toute notion de morale "moderne", pose les bases d'un univers assez violent, cohérent, où, finalement, le lecteur ne peut que se projeter (je ne dis pas que certaines choses ne pourront pas effrayer, notamment les plus jeunes, puisque ce livre est "conseillé" à partir de 11 ans, que ce soit sur les fonds marins ou à Niourk). Du coup, même si les personnages ne sont qu'esquissés, comme Thòz, ils sont bien équilibrés, en accord avec le monde imaginé par WUL, ni bons, ni mauvais, ni caricaturaux.
Certains reprocheront la simplicité de ton, moi, elle me permet d'entrer dans l'histoire, d'apporter mon propre imaginaire, tant sur les décors que sur les personnages.
J'ai aussi parcouru rapidement le dossier pédagogique à destination des enseignants (disponible gratuitement sur le site de CASTELMORE (à condition de le chercher un peu) Qui n'est pas mal. J'aurais bien aimé trouver des clefs pour approfondir la lecture, mais comme c'est pour les enfants, c'est plus pour les ouvrir vers autre chose, d'autres livres, d'autres supports.
Le livre se lit très vite, d'un coup. Il a un côté addictif, on a envie d'aller au bout de l'aventure, de découvrir jusqu'où l'auteur sera capable de nous surprendre. Le style ira très bien à un enfant de 11 ans, je conseillerais quand même la lecture plus vers 14 ans. Bon ok, je suis un vieux, et forcément, on va dire que comme il y a des choses assez violentes, c'est pour ça que... mais bon :D
Ah, et j'oubliais, la fiche de présentation de l'auteur. Pour moi, un auteur de classiques, comme ça, à destination des "Jeunes" devrait toujours être présenté. Et la présentation est très bien, à l'image du roman...
Bref, encore un livre que vous devez acheter, lire, offrir, etc etc ! ! !
Encore merci à LivrAddict et à Castelmore !
Samedi 3 août 2013 à 17:48
Auteur Alain DAMASIO
Chez Folio SF :
Nombre de pages 736
Prix 10,50€
ISBN 978-2-07-034226-6
Première édition 15 mars 2007
Résumé
Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.
Mon avis
Difficile de trancher, avec ce roman.
Un peu comme s'il faisait le grand écart.
Première chose : j'ai eu énormément de mal à entrer dedans, et d'ailleurs, je ne crois pas être vraiment rentré dedans tout du long des 700 pages. 23 personnages, ça fait beaucoup, et si le plus grand nombre est très bien travaillé, il est bien difficile de s'identifier, tant on passe de l'un à l'autre. On comprend vite que Sov est le pivot du groupe, mais bizarrement, c'est le plus lisse : il agit comme un miroir, préférant nous renvoyer le reflet des autres plutôt que ses propres émotions (principe aussi vrai pour les autres d'ailleurs)
Seconde chose : la construction extrêmement linéaire du récit, comme celle d'un conte (d'ailleurs, c'est un conte initiatique, même si j'ai rangé ça parmi la SF qui ne sert pourtant que de décor, d'atmosphère), empêche la notion même de suspense. Bien sûr, il y a des sortes de flashback, via les pensées des personnages qui se souviennent de leur enfance, de moment de rencontre, de la progression de l'équipe. Mais de fait, jusqu'à ce qu'ils arrivent à Norska, les chapitres pourraient quasiment être interchangeables, on pourrait traverser le lac en premier, se taper le furvent ensuite, etc... Je pensais un moment qu'une sous-trame allait apparaître, comme un fil de tension, avec l'apparition de la Poursuite, ça donne lieu à un affrontement, puis c'est aussitôt oublié, on en retrouve quelques éléments plus loin, mais rien qui ne prenne en tenaille.
Il y a même une forme de répétition entre le passage du défilé d'Urle et celui de Norska, qui est un peu dommage.
Histoire d'aérer (c'est le cas de le dire !) son récit qui s'étale sur des mois et des mois, l'auteur a posé certains ellipses brutales, parfois frustrantes, et ça aussi c'est dommage, d'autant qu'il est obligé d'y revenir par la suite de façon parfois un peu artificielle.
De plus, j'ai trouvé la fin très prévisible.
Troisième chose : dernier élément, et non des moindres : le style. DAMASIO maîtrise la langue française, il s'en joue, il en joue, ce qui donne à certains passages un lyrisme exacerbé, notamment lors de certaines scènes d'action, ou la fabuleuse joute verbale. C'est plein de trouvailles, de néologismes, de jeux de mots. Et puis il y a toujours ce magnifique combat des humains face au vent, toujours très bien décrit, avec un vocabulaire incroyablement riche, qui transforme le moindre souffle en personnage à part entière.
Sauf qu'à force, c'est trop. Et cela devient particulièrement pesant avec des personnages comme Caracole, ou quand DAMASIO, via ses personnages, tente de faire passer des concepts, qu'ils soient propres à son univers ou propice à une réflexion pseudo-philosophique.
Tout cela fait un livre à la fois touffu et confus, qui aurait pu être passionnant mais qui se contrelit comme les personnages vont contre le vent, avec des moments d'accalmie et d'autres où j'ai dû lutter pour avancer.
Parfois, tout ce qui m'a retenu, c'était la volonté de savoir le fin mot de l'histoire, et comme ça a ressemblé très fort à ce que j'imaginais depuis quasiment le début, j'ai été déçu.
Un petit mot pour finir : un film d'animation est en cours de production. Il est réalisé par Jan Kounen et devrais sortir dans le courant de l'année. Vous pourrez voir quelques images de production sur le site internet du studio FORGE ANIMATION
Autant le livre, si je ne l'ai pas détesté, ne m'a pas emballé plus que ça, autant je me demande comment Kounen va le traiter, et j'irai sûrement le voir.
EDIT : il parait que je suis un peu trop sévère avec ce livre. Alors attention, je ne dis pas que c'est un mauvais livre. Il y a même d'excellentes choses dedans. Dans cet article, je pointe surtout les défauts les plus flagrants qui m'ont posé souci, qui m'ont empêché de savourer ce roman plein de potentiel. Je ne remets pas en cause son originalité, mais ses indéniables et profondes qualités n'occultent pas ses faiblesses, et cela m'empêche d'être à la fois objectif et complaisant.
Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.
Mon avis
Difficile de trancher, avec ce roman.
Un peu comme s'il faisait le grand écart.
Première chose : j'ai eu énormément de mal à entrer dedans, et d'ailleurs, je ne crois pas être vraiment rentré dedans tout du long des 700 pages. 23 personnages, ça fait beaucoup, et si le plus grand nombre est très bien travaillé, il est bien difficile de s'identifier, tant on passe de l'un à l'autre. On comprend vite que Sov est le pivot du groupe, mais bizarrement, c'est le plus lisse : il agit comme un miroir, préférant nous renvoyer le reflet des autres plutôt que ses propres émotions (principe aussi vrai pour les autres d'ailleurs)
Seconde chose : la construction extrêmement linéaire du récit, comme celle d'un conte (d'ailleurs, c'est un conte initiatique, même si j'ai rangé ça parmi la SF qui ne sert pourtant que de décor, d'atmosphère), empêche la notion même de suspense. Bien sûr, il y a des sortes de flashback, via les pensées des personnages qui se souviennent de leur enfance, de moment de rencontre, de la progression de l'équipe. Mais de fait, jusqu'à ce qu'ils arrivent à Norska, les chapitres pourraient quasiment être interchangeables, on pourrait traverser le lac en premier, se taper le furvent ensuite, etc... Je pensais un moment qu'une sous-trame allait apparaître, comme un fil de tension, avec l'apparition de la Poursuite, ça donne lieu à un affrontement, puis c'est aussitôt oublié, on en retrouve quelques éléments plus loin, mais rien qui ne prenne en tenaille.
Il y a même une forme de répétition entre le passage du défilé d'Urle et celui de Norska, qui est un peu dommage.
Histoire d'aérer (c'est le cas de le dire !) son récit qui s'étale sur des mois et des mois, l'auteur a posé certains ellipses brutales, parfois frustrantes, et ça aussi c'est dommage, d'autant qu'il est obligé d'y revenir par la suite de façon parfois un peu artificielle.
De plus, j'ai trouvé la fin très prévisible.
Troisième chose : dernier élément, et non des moindres : le style. DAMASIO maîtrise la langue française, il s'en joue, il en joue, ce qui donne à certains passages un lyrisme exacerbé, notamment lors de certaines scènes d'action, ou la fabuleuse joute verbale. C'est plein de trouvailles, de néologismes, de jeux de mots. Et puis il y a toujours ce magnifique combat des humains face au vent, toujours très bien décrit, avec un vocabulaire incroyablement riche, qui transforme le moindre souffle en personnage à part entière.
Sauf qu'à force, c'est trop. Et cela devient particulièrement pesant avec des personnages comme Caracole, ou quand DAMASIO, via ses personnages, tente de faire passer des concepts, qu'ils soient propres à son univers ou propice à une réflexion pseudo-philosophique.
Tout cela fait un livre à la fois touffu et confus, qui aurait pu être passionnant mais qui se contrelit comme les personnages vont contre le vent, avec des moments d'accalmie et d'autres où j'ai dû lutter pour avancer.
Parfois, tout ce qui m'a retenu, c'était la volonté de savoir le fin mot de l'histoire, et comme ça a ressemblé très fort à ce que j'imaginais depuis quasiment le début, j'ai été déçu.
Un petit mot pour finir : un film d'animation est en cours de production. Il est réalisé par Jan Kounen et devrais sortir dans le courant de l'année. Vous pourrez voir quelques images de production sur le site internet du studio FORGE ANIMATION
Autant le livre, si je ne l'ai pas détesté, ne m'a pas emballé plus que ça, autant je me demande comment Kounen va le traiter, et j'irai sûrement le voir.
EDIT : il parait que je suis un peu trop sévère avec ce livre. Alors attention, je ne dis pas que c'est un mauvais livre. Il y a même d'excellentes choses dedans. Dans cet article, je pointe surtout les défauts les plus flagrants qui m'ont posé souci, qui m'ont empêché de savourer ce roman plein de potentiel. Je ne remets pas en cause son originalité, mais ses indéniables et profondes qualités n'occultent pas ses faiblesses, et cela m'empêche d'être à la fois objectif et complaisant.
Vendredi 14 juin 2013 à 19:23