Entre-les-pages

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Auteur Haruki MURAKAMI
Titre original Panya Sugeki et Panya saishugeki
Illustrations Kat Menschik

Chez BELFOND :
Nombre de pages 
63
Prix 17€
ISBN 978-2-7144-5414-0
      

Première édition Novembre 2012
Traduction Hélène Morita et Corinne Atlan
 


Résumé
Superbement illustrées, deux nouvelles, dont une totalement inédite, pour découvrir autrement l'univers envoûtant de l'auteur de la trilogie culte 1Q84. Un homme et une femme dans un appartement de Tokyo. Ils ont faim. Pas une faim ordinaire. Une faim qui tenaille, qui prend aux tripes, qui obsède. Une faim comme le souvenir d'une faim antérieure. Une faim tellement forte, tellement impérieuse qu'elle va les pousser à commettre la plus absurde des attaques...


Mon avis
J'aurais plutôt voulu continuer avec un roman de Murakami, pas trop le temps, et puis je suis tombé sur ces deux petites nouvelles.
Le plus simple est peut-être de reprendre le résumé point par point :

- Superbement illustré. Bon. Ok. C'est stylé, ces illustrations tout en vert blanc et doré comme la couverture. Et certaines arrivent à être sympa. Belles, je ne sais pas, ça dépend des goûts. Superbes ? c'est un poil excessif, grandiloquent, prétentieux, voire publicitaire ^^. Je ne les ai pas trouvées superbes, et surtout, j'ai trouvé qu'elles n'ajoutaient rien aux nouvelles.

- L'univers envoûtant ...1Q84... Remarquez, c'est la même phrase. donc on nous sert la même pommade. Déjà, ce sont de vieilles nouvelles, (1981 et 1985) donc en 20 ans, l'univers et le style de l'auteur ont pu évoluer. J'ai l'impression que Murakami va être cantonné à une seule oeuvre, maintenant, c'est pas bien malin.

- Les nouvelles en elles-mêmes sont sympathiques, légères, oscillant entre monde réel et absurde, mais malheureusement, c'est tout. Un petit divertissement vite lu, sans aspérité, juste bien écrites. Très franchement, 17€ pour quoi ? trente minutes de lecture aussi légère, c'est bien trop cher et ça ne les mérite pas, surtout avec ces illus qui font du remplissage. On en ressort un peu sur sa faim (un comble, au regard du sujet !), frustré, en se demandant là où on a bien voulu nous conduire, pourquoi l'éditeur a sorti ce recueil à part pour engranger du bénef.
Oui, je suis méchant, mais j'aime pas trop être pris pour un con.

Jeudi 4 avril 2013 à 17:17

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Auteur
Mo HAYDER
Titre original Birdman

Chez Presse de la cité :
Nombre de pages 493
Prix 129F / 19,66€
ISBN 978-2-258-05168-1
      

Première édition Mai 2000
Traduction Thierry Arson



Résumé
Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées.
Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau a été enfermé vivant à l'intérieur de chaque cage thoracique. C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et un voisin qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve.
Mais l'enquête dont il est chargé est de celle qui font oublier tout le reste. D'ailleurs, il le sait d'expérience : le cauchemar ne fait que commencer

Mon avis
Première rencontre avec Mo HAYDER, dont je n'avais jamais rien lu avant.

J'ai un peu de mal à avoir une opinion, car si c'est bien fait, d'un autre côté il n'y a rien de bien surprenant. Je ne me suis pas senti du tout transporté par l'histoire, et je me suis dépêché de le finir pour pouvoir passer à autre chose (un Holdstock).
Le style n'est pas mauvais, sans être particulièrement intéressant, c'est assez factuel, linéaire et j'ai avancé sans trop de surprise de rebondissement en rebondissement. On a encore le droit au bon vieux "j'entre dans la tête du tueur pour raconter ce que la police ne découvre pas par elle-même", ce qui présente assez peu d'intérêt, la vie privée de Jack fait un peu de remplissage, non pas que ça ne soit pas intéressant, mais comme c'est en parallèle, cela n'apporte pas grand-chose (c'est plutôt le centre d'un roman suivant).
Il y a assez peu de tensions dramatiques, ça se réveille un peu sur la fin et ce n'est pas très bien exploité.

Après le battage autour de Mo HAYDER, je m'attendais à quelque chose de poignant, et au final ça verse dans le sensationnel, dans l'horrible avec ces oiseaux , mais ça manque de quelque chose, d'une ambiance, de nerfs, je ne sais pas, des descriptions plus élaborés. Bien qu'on soit la plupart du temps avec le personnage principal (Jack) celui-ci n'est pas très présent, je n'ai pas eu l'impression de l'accompagner dans son enquête, mais d'être juste spectateur. HAYDER raconte son passé, et il fait ce qu'on attend de lui un peu comme un acteur qui n'a pas totalement compris son rôle : je n'ai pas senti sa peine, sa rage, la meurtrissure profonde qui l'empeche d'oublier. Sa folie, en gros.
Et puis il y a des petits détails que je n'ai pas trouvés réalistes.

Pour moi, Birdman est un livre qui se lit vite, une sorte de livre pour les vacances à la plage, et qu'on oublie une fois rentré à la maison. Pas désagréable, mais sûrement pas le polar du siècle.

Lundi 18 mars 2013 à 15:31

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Auteur
Steve HODEL

Titre original Black Dahlia Avenger

Chez POINTS:
Nombre de pages 
760
Prix 13,80 €  
EAN 9782020826082

Première édition 9 septembre 2005




Résumé
En 1947, à Los Angeles, un horrible meurtre défraie la chronique. En bordure d'un terrain vague, à proximité d'habitations, le corps mutilé d'une jeune femme est retrouvé. Cette jeune femme, c'est Elizabeth Short, qui sera surnommée "le Dahlia Noir".
La police est sur les nerfs, d'autant que des messages du tueur narguant le LAPD paraissent dans la presse, mais l'enquête piétine.
Avec ce livre,  plus de 50 ans plus tard, Steve HODEL apporte une sorte de réponse à une affaire horrible et fascinante.

Pour aller plus loin...
Le 15 janvier 1947, le corps nu d'Elizabeth Ann Short est découvert. Coupée en deux au bassin et présentant nombreuses autres mutilations, elle capte rapidement l'attention du public, en dépit d'une enquête qui n'aboutit sur rien. Son petit ami fait partie de la liste des suspects, mais rien ne permet de l'incriminer.

En 1987, James ELLROY sort un livre qui s'inspire de ce fait divers, qui est pour lui l'occasion de dresser, ainsi qu'il le fait admirablement dans ses autres livres, un portrait acide de la corruption de la police et d'une société américaine tirée de la fange. Mais ce livre est une oeuvre de fiction...
ELLROY est obésé par Betty Short. Il découvre le Dahlia Noir à dix ans, justement à l'époque où sa propre mère meurt assassinée. Les deux femmes déteignent l'une sur l'autre et finalement ELLROY ne cessera de relier les deux affaires.

L'histoire de Steve HODEL est différente : policier de 1963 à 1984 au LAPD, il n'a donc pas l'occasion de travailler sur l'affaire. Et ce n'est qu'en 1999 qui s'y intéresse, guidé par un étrange concours de circonstance : en triant les affaires de son père qui vient de décéder, il tombe sur des photos, et parmi celle-ci un visage qu'il parvient, en fouillant sa mémoire, à reconnaître : il s'agit de Betty Short. Mais que fait une photo du Dahlia Noir dans les affaire de son père ? Se connaissaient-ils ? N'ayant aucun élément nouveau à fouiller du côté short, HODEL se laisse guider par son instinct de flic et enquète sur son propre père, personnage fantasque et incroyable, qui a parcouru le monde, exercé tous les métiers possibles avant d'être reconnu comme chirurgien et psychiatre.
Son enquète le plonge tout droit dans un univers à la ELLROY, où meurtres riment avec parties fines, où la corruption règne en maître, où le beau linge d'Hollywood est éclaboussé copieusement.

Mon avis
Le fait que nous connaissions d'avance le nom du coupable, dans cette fine reconstitution, ne gache en rien le livre. C'est un peu comme un épisode de Columbo. Un épisode de Columbo particulièrement horrible et choquant. Et VRAI.
Car l'enquête de HODEL est sérieuse, s'appuie sur des éléments tangibles, on sent le flic de la criminelle derrière.
Certains passages sont parfois un peu répétitif, comme si l'auteur martelait les éléments à charge, un peu comme un avocat de la défense pour enfoncer celui qu'il sait coupable, tout en sachant que ce sont ces petits détails auxquels il doit se raccrocher, car l'enquête de l'époque révèle ses failles, parce que les témoins sont morts (50 ans se sont écoulés), que le reste a malheureusement disparu et que son intime conviction ne suffit pas.

Il y a deux choses très intéressantes dans ce livre, en plus d'en apprendre d'avantage sur ce meurtre, reconnu pour être le plus sadique des années 40 en Californie.
- La première, c'est qu'on entre vraiment dans le processus de pensée d'un flic, sa méthode de travail, la façon dont il navigue entre les éléments glanés et ce qu'il suppose. HODEL est un policier reconnu pour ses compétences au sein du LAPD. C'est peut-être ce qui le pousse à continuer son enquête bien qu'elle le touche de près, en dépit de ce qu'il va découvrir, sur son père, mais aussi sur le reste de sa famille. Et il fait preuve d'un parfait transparence à ce sujet (du moins il en donne l'impression).
- La seconde, c'est la reconstitution minutieuse, non seulement des faits autour du drame, mais de toute une époque, à travers toutes les couches sociales, des "élites" d'Hollywood et des magistrats de LA jusqu'aux foyers modestes, Ce qui les anime, ce qui les limite. En ça, il rejoint l'univers de James ELLROY, et l'on se dit que l'auteur de fiction a TERRIBLEMENT bien su capter l'essence d'une époque. On part du rêve américain et de ses paillettes, on croit au reflet de l'or, et on sent petit à petit l'odeur du soufre, et le reve se désagrège bien vite.
 
D'un côté, l'enquête de Steve HODEL, de l'autre la vie de son père. la seconde, temps forts du livre, mise en lumière par la première, de façon tout à fait complémentaire.

Et puis, il y a un aspect étrange. On nous décrit un être profondément mauvais, misogyne, manipulateur... et pourtant, il est difficile de ne pas succomber à son charme. Cela ne suffit pas à lui pardonner ses abominations, mais on comprend mieux qu'il n'ait pas été inquiété...


En conclusion, ce livre est à lire pour ceux qui s'intéressent aux histoires troubles des enquêtes policières, et pour ceux qui ont lu le Dahlia Noir d'ELLROY, qui préface d'ailleurs ce livre. Ce n'est certes pas un "objet littéraire", le style est simple, franc mais efficace. Et je l'ai beaucoup aimé, en dépit de quelques longueurs, de quelques redondances.
Passionnant.

Lundi 10 décembre 2012 à 10:31

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