EAN 9782020826082
Première édition 9 septembre 2005
Résumé
En 1947, à Los Angeles, un horrible meurtre défraie la chronique. En bordure d'un terrain vague, à proximité d'habitations, le corps mutilé d'une jeune femme est retrouvé. Cette jeune femme, c'est Elizabeth Short, qui sera surnommée "le Dahlia Noir".
La police est sur les nerfs, d'autant que des messages du tueur narguant le LAPD paraissent dans la presse, mais l'enquête piétine.
Avec ce livre, plus de 50 ans plus tard, Steve HODEL apporte une sorte de réponse à une affaire horrible et fascinante.
Pour aller plus loin...
Le 15 janvier 1947, le corps nu d'Elizabeth Ann Short est découvert. Coupée en deux au bassin et présentant nombreuses autres mutilations, elle capte rapidement l'attention du public, en dépit d'une enquête qui n'aboutit sur rien. Son petit ami fait partie de la liste des suspects, mais rien ne permet de l'incriminer.
En 1987, James ELLROY sort un livre qui s'inspire de ce fait divers, qui est pour lui l'occasion de dresser, ainsi qu'il le fait admirablement dans ses autres livres, un portrait acide de la corruption de la police et d'une société américaine tirée de la fange. Mais ce livre est une oeuvre de fiction...
ELLROY est obésé par Betty Short. Il découvre le Dahlia Noir à dix ans, justement à l'époque où sa propre mère meurt assassinée. Les deux femmes déteignent l'une sur l'autre et finalement ELLROY ne cessera de relier les deux affaires.
L'histoire de Steve HODEL est différente : policier de 1963 à 1984 au LAPD, il n'a donc pas l'occasion de travailler sur l'affaire. Et ce n'est qu'en 1999 qui s'y intéresse, guidé par un étrange concours de circonstance : en triant les affaires de son père qui vient de décéder, il tombe sur des photos, et parmi celle-ci un visage qu'il parvient, en fouillant sa mémoire, à reconnaître : il s'agit de Betty Short. Mais que fait une photo du Dahlia Noir dans les affaire de son père ? Se connaissaient-ils ? N'ayant aucun élément nouveau à fouiller du côté short, HODEL se laisse guider par son instinct de flic et enquète sur son propre père, personnage fantasque et incroyable, qui a parcouru le monde, exercé tous les métiers possibles avant d'être reconnu comme chirurgien et psychiatre.
Son enquète le plonge tout droit dans un univers à la ELLROY, où meurtres riment avec parties fines, où la corruption règne en maître, où le beau linge d'Hollywood est éclaboussé copieusement.
Mon avis
Le fait que nous connaissions d'avance le nom du coupable, dans cette fine reconstitution, ne gache en rien le livre. C'est un peu comme un épisode de Columbo. Un épisode de Columbo particulièrement horrible et choquant. Et VRAI.
Car l'enquête de HODEL est sérieuse, s'appuie sur des éléments tangibles, on sent le flic de la criminelle derrière.
Certains passages sont parfois un peu répétitif, comme si l'auteur martelait les éléments à charge, un peu comme un avocat de la défense pour enfoncer celui qu'il sait coupable, tout en sachant que ce sont ces petits détails auxquels il doit se raccrocher, car l'enquête de l'époque révèle ses failles, parce que les témoins sont morts (50 ans se sont écoulés), que le reste a malheureusement disparu et que son intime conviction ne suffit pas.
Il y a deux choses très intéressantes dans ce livre, en plus d'en apprendre d'avantage sur ce meurtre, reconnu pour être le plus sadique des années 40 en Californie.
- La première, c'est qu'on entre vraiment dans le processus de pensée d'un flic, sa méthode de travail, la façon dont il navigue entre les éléments glanés et ce qu'il suppose. HODEL est un policier reconnu pour ses compétences au sein du LAPD. C'est peut-être ce qui le pousse à continuer son enquête bien qu'elle le touche de près, en dépit de ce qu'il va découvrir, sur son père, mais aussi sur le reste de sa famille. Et il fait preuve d'un parfait transparence à ce sujet (du moins il en donne l'impression).
- La seconde, c'est la reconstitution minutieuse, non seulement des faits autour du drame, mais de toute une époque, à travers toutes les couches sociales, des "élites" d'Hollywood et des magistrats de LA jusqu'aux foyers modestes, Ce qui les anime, ce qui les limite. En ça, il rejoint l'univers de James ELLROY, et l'on se dit que l'auteur de fiction a TERRIBLEMENT bien su capter l'essence d'une époque. On part du rêve américain et de ses paillettes, on croit au reflet de l'or, et on sent petit à petit l'odeur du soufre, et le reve se désagrège bien vite.
D'un côté, l'enquête de Steve HODEL, de l'autre la vie de son père. la seconde, temps forts du livre, mise en lumière par la première, de façon tout à fait complémentaire.
Et puis, il y a un aspect étrange. On nous décrit un être profondément mauvais, misogyne, manipulateur... et pourtant, il est difficile de ne pas succomber à son charme. Cela ne suffit pas à lui pardonner ses abominations, mais on comprend mieux qu'il n'ait pas été inquiété...
En conclusion, ce livre est à lire pour ceux qui s'intéressent aux histoires troubles des enquêtes policières, et pour ceux qui ont lu le Dahlia Noir d'ELLROY, qui préface d'ailleurs ce livre. Ce n'est certes pas un "objet littéraire", le style est simple, franc mais efficace. Et je l'ai beaucoup aimé, en dépit de quelques longueurs, de quelques redondances.
Passionnant.